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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/133

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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

Là-dessus, le jeune ouvrier bondit sur ses pieds et s’écria avec indignation : « non, c’est pas la même chose. Les chevaux, au moins, sont de nobles animaux ! »

Un autre personnage qui me rendit visite fut Harry Gray, ingénieur routier du ministère des Mines du Québec. Il était l’un des hommes qu’il faut féliciter pour le parachèvement de l’excellente route, longue de 150 milles, reliant Saint-Félicien au Chibougamau. Il revenait d’inspecter à nouveau le chemin, et n’avait relevé de dommage, causé par la glace, qu’en un seul endroit. À quelques places, il fallait aussi mieux aménager certaines pentes et étendre du gravier de nouveau ; mais, dans l’ensemble, la route était de premier ordre. (Quelques New-Yorkais prétentieux qui avaient passé par Rainbow Lodge, avaient rouspété à propos de la route de gravier, mais ces imbéciles auraient également hurlé s’ils avaient aperçu une indentation d’un quart de pouce dans la Cinquième Avenue). Gray captura quatre gros brochets, en pêchant du quai, et nous quitta tout joyeux.

Je recevais tellement d’hôtes à Rainbow Lodge, que j’étais obligé d’y conserver de fortes réserves de vivres. Mais je ne pouvais pas y garder de viande fraîche, car je ne possédais aucune réfrigération. Je réglai le problème en construisant un réservoir dans le ruisseau, d’une largeur de trois pieds, séparant notre île de la terre ferme. Je le tenais toujours rempli de brochets, dorés et truites capturés au pied des rapides. Un invité n’avait qu’à indiquer la pièce de son choix et cinq minutes plus tard elle mijotait dans le poêlon.

Cependant, un certain matin, un visiteur qui n’avait reçu aucune invitation, se servit un énorme brochet sans en demander la permission. Je l’aperçus au moment il finissait de manger le poisson et je lui fis peur. C’était un