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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/163

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LE VIEUX MOULIN

American Chumps. » (Je vends des actions frauduleuses aux nigauds américains).

Les chefs et les rédacteurs des journaux torontois semblaient trop occupés à surveiller les parties de hockey pour trouver le temps d’entreprendre une croisade — à la manière du grand Pulitzer — contre l’immoralité en affaires existant dans la capitale de l’Ontario. Pourtant, le magazine « Collier » venait de traiter leur ville de « Swindler’s Paradise » (Paradis des filous). Il est vrai que très peu de citoyens de Toronto eurent la chance de lire cet article, car presque toutes les copies du magazine furent raflées aux éventaires de journaux et détruites par les promoteurs.

Un propriétaire de journal, que je connais, refusa un manuscrit très documenté et très révélateur, mettant à jour ces vols éhontés. Il le refusa parce que ce « papier » exposait la vérité toute nue. Il y a un proverbe arabe qui dit : « La vérité peut parcourir le monde sans armes ». On pourrait ajouter : « Peut-être en Arabie, mais pas dans les journaux de Toronto. »

Non pas par malhonnêteté foncière. La politique de ce propriétaire de journal était de ne rien publier qui fut au détriment de sa « bonne » ville de Toronto, même si sa cité bien-aimée servait de quartier-général à une clique de chevaliers d’industrie qui tondaient les moutons humains au rythme de 50 millions de dollars par année.

Non, monsieur ! Ce journaliste était animé d’un dommageable esprit civique. Il n’avait probablement jamais lu la réflexion classique du docteur Samuel Johnson, le grand critique anglais : « Le patriotisme est le dernier refuge des coquins. Ce qui n’empêchait pas ce directeur de bien arriver dans la vie. Norman Corwin, scripteur à la radio, a dû le prendre pour modèle lorsqu’il a dit : « Pour réussir aujourd’hui, soyez médiocre ».