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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/167

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LE VIEUX MOULIN

revendant plus tard. La ruse était cousue de fil blanc et je m’en moquai.

Quelle sorte d’hommes sont donc ces courtiers malhonnêtes et leurs compères les promoteurs, qui réalisent si aisément des profits illicites et rapides, tandis que leurs milliers de victimes pleurent leurs économies perdues ? Je trouve une définition admirable de ces voleurs patentés dans un célèbre paragraphe de Charles Francis Adams :

« Vraiment lorsque j’approche de ma fin, je ne laisse pas d’être quelque peu troublé quand je cherche à expliquer les incidents que j’ai vus dans la course à la fortune. Cette chasse s’inspire d’instincts plutôt bas… que l’on rencontre rarement mêlés aux meilleurs traits du caractère. J’ai connu, et connu assez bien, bon nombre d’hommes qui « avaient réussi, qui étaient importants », financièrement parlant, et qui devinrent célèbres au cours du dernier demi-siècle : et je n’ai jamais rencontré de personnes moins intéressantes. Je ne désire pas revoir un seul d’entre eux, ni dans ce monde, ni dans l’autre ; il n’en est aucun que je puisse associer avec l’idée d’humour, de saine pensée ou de culture raffinée. Ils n’étaient qu’un tas de mercantis, sans attraits comme sans intérêts… un amas d’êtres incultes, cyniques et marchandeurs ».

Un promoteur de ma connaissance, qui se tricherait lui-même, rien que pour se tenir en forme, s’il n’avait pas de victime à portée de la main, prit ombrage de mes remarques sur la malhonnêteté des transactions minières. « Si les affaires de mines au Canada sont si croches que cela, pourquoi y restez-vous mêlé ? » me demanda-t-il avec colère. Je lui rétorquai la réflexion à la mode : « Pourquoi va-t-on au cirque ? Pour voir les bêtes curieuses évidemment. »

Si les promoteurs avaient quelques connaissances de l’histoire des mots, ils adopteraient promptement un terme