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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Alors que nous écorçons le dernier poteau, je parle tout seul et Jacques s’informe : « Que diable marmonnez-vous ? »

— Je me remémore une ligne du troisième acte de « Comme il vous plaira », grondai-je, qui veut dire, en traduction libre « Quand j’étais chez moi, j’étais mieux qu’ici ! »

— Qui a écrit çà ?

— Shakespeare, voilà plus de trois cents ans.

— « Ben, il n’avait pas tort ! » conclut Jacques d’un ton méditatif.

De retour à la baie des Cèdres, me sentant raide de froid, dégoûté et loin du confort de mon foyer, je déclare à « Bill » Lafontaine : « Je connais maintenant l’existence des prospecteurs ; et ils ont mon entière sympathie ».

Les nouvelles minières se transportent à la vitesse de l’éclair dans cette région. Avant même que mes vêtements soient secs, un prospecteur vient me serrer la main et me félicite parce que j’ai jalonné, dit-il, un groupe de très bons « claims ».

— Vous êtes sur un site avantageux, dit-il, et vous trouverez peut-être une minéralisation intéressante dessus. Avez-vous également réclamé les eaux avoisinantes sur le lac aux Dorés ?

J’avais négligé ce détail, mais apprends bientôt qu’il peut être d’une très grande importance et si je frappe vraiment un filon sur la terre ferme.

Je m’arrange donc pour enregistrer une réclamation sur les « claims » aquatiques au nom d’un ami et les lui rachète, de sorte que je suis maintenant propriétaire de dix concessions attenantes.

Comme je possède quelque cent acres de sol minier, je lis la loi des mines du Québec et découvre que plus vous en avez, plus vous devez débourser d’argent et d’efforts.