Aller au contenu

Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

parfois cinquante degrés sous zéro Fahrenheit. (« Bill » Lafontaine me raconta qu’il s’éveilla un matin dans sa cabane et que le premier détail qui frappa son regard, ce fut une bouteille de « ketchup » tellement saisie par le froid, que son rouge contenu débordait de six pouces du goulot. « La bouteille était gelée dur, me dit « Bill » ; on eût dit qu’une chandelle rouge avait été plantée dedans. »)

Comme je suis trop grassouillet pour accomplir quoi que ce soit, sauf de me dandiner ici et là sur des raquettes, je décide de confiner mes activités à une région où je peux déambuler sans me casser le cou, je loue un iglou avec chauffage central et service domestique à l’hôtel Mont-Royal, à Montréal. C’est là que, durant l’hiver, je rencontrai la plupart des personnages que les mines du Chibougamau intéressaient.

L’histoire d’une région minière, c’est aussi l’histoire des pionniers qui la développèrent. Comme je possède maintenant des concessions au Chibougamau et espère y vivre, je cherche la compagnie de ceux qui m’ont battu la route. Je désire causer avec chacun des personnages ayant eu quelque chose à faire avec le passé de ce district, car j’ai l’intention d’écrire le présent ouvrage et je n’épargnerai aucune démarche pour y parvenir.

C’est à Montréal que je rencontrai Herbert McKenzie, fils du premier homme qui alla prospecter au Chibougamau. Herb était venu dans le Nord avec son père en 1904, à l’âge de vingt-trois ans. Il avait été mêlé presque toute sa vie aux affaires minières et lorsque je le rencontrai, en 1950, il approchait de ses soixante-dix ans, n’était nanti que d’un rein et se préparait, tout comme s’il eût été dans la trentaine, à s’enfoncer encore une fois dans la brousse pour examiner de nouvelles concessions.

La plupart des propriétés minières que la famille Mc-Kenzie avaient possédées et développées, près d’un demi-