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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/81

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

droits miniers, mais non ceux de surface), on me conseille de ne pas construire là, car si une entreprise minière recevait la permission d’exploiter le pouvoir hydraulique des rapides, je deviendrais forcé de déménager, l’îlot n’était pas compris, cependant, dans cette concession éventuelle.

À la fin de juin, mes bûcherons ayant coupé et écorcé une imposante pyramide de sapins, le « camp » commença à prendre tournure. (On doit « plumer » les troncs au début de l’été, lorsque la sève monte et que l’écorce s’enlève sans effort, comme la peau d’un gant. Plus tard, l’écorce, en séchant durcit et adhère à l’arbre comme du ciment. Il n’est alors possible de l’enlever de façon grossière, qu’avec la hache).

À cette époque, j’avais déjà piqueté toutes les concessions des littoraux avoisinants, sur les bords de la baie Bateman (sur le lac aux Dorés), ainsi que tous les « claims » à la baie du Commencement (sur le lac Chibougamau)… J’étais venu à l’automne précédent à la recherche d’une source d’eau minérale introuvable, mais je possédais maintenant dix-huit concessions, quelque chose comme mille acres de terrains miniers, dans une région des plus favorables. Je prévoyais le jour où il serait nécessaire de faire un relevé géophysique sur la glace, afin de vérifier les gisements minéraux sous les lacs, (la plupart des grandes veines s’allongent là-bas sous ces eaux). C’est pourquoi mon « camp » avait été construit pour qu’on puisse l’habiter l’hiver comme l’été avec cave, double plancher, doubles fenêtres et doubles portes.

Par deux grandes fenêtres à vitre pleine on apercevait une chaîne de montagnes à cinq milles au nord. Une autre grande fenêtre, du côté de l’est, surplombait les rapides. Chaque jour, nous y voyions quelque gros poisson, se frayant un chemin dans les eaux bouillonnantes et remon-