Aller au contenu

Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Chapitre Troisième

RAINBOW LODGE


De retour à mon campement à côté des rapides, je me sens tout transi, tout fatigué et me jette sur mon sac de couchage. Ramassant au hasard un ouvrage sur une pile de volumes, je tombe sur ce fragment de poème :

« Oh ! Posséder un abri sûr dans quelque lieu vaste et désert.
Sous quelque étendue sans fin d’ombre et de paix
Où la rumeur des persécutions et de la trahison,
Le bruit des guerres qu’on a perdues ou gagnées
Ne m’attendraient jamais plus !… »

William Cowper, le poète anglais, avait écrit cela pour moi, voilà près de deux siècles en 1785.

Voilà bien ce qu’il me faudrait : bâtir une retraite dans la vaste solitude du Chibougamau, au pied du rapide dont le bruit régulier bercerait mon sommeil. La vie sous la tente comportait des ennuis (il neigea le 15 juin !) La construction d’un solide pavillon de bois rond s’imposait, puisque je l’habiterais plusieurs mois par année. Les guerres et leurs rumeurs me parviendraient sans doute, mais en retard et affaiblies. (Les combats préliminaires en Corée étaient commencés depuis un mois avant que j’en entendisse parler).

Ma rustique demeure s’élèvera donc sur un îlot de la Bateman, à côté des cascades, il n’est séparé de la terre ferme que par un ruisseau de trois pieds. Bien que possédant les concessions sur la terre ferme (c’est-à-dire les