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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/84

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

vingt marches et pénétrer dans le chalet le plus confortable du Chibougamau — le seul à posséder une salle de bain !

Lorsque, durant l’été de 1950, la route du Chibougamau fut terminée, le ministère des Mines du Québec organisa une vente publique et disposa à l’enchère des lots de la future ville. Dans une plaine sablonneuse plantée de pins, ce site arpenté par les ingénieurs du gouvernement offrait des rues commerciales ou destinées à l’habitation, tracées selon l’urbanisme le plus moderne. Si jamais une mine entrait en production dans la région de Chibougamau, la ville complète, avec l’inévitable séquelle de ses « bootleggers», de ses maisons de joie et de ses tripots clandestins, pousserait comme un champignon.

M. A. O. Dufresne, sous-ministre des Mines du Québec, présidait l’enchère, laquelle était conduite par M. L. A. Saint-Pierre, ingénieur en chef du ministère des Mines. Ces deux hauts fonctionnaires croyaient fermement en l’avenir minier du Chibougamau.

Les lots atteignaient des prix élevés — certains dans la rue Commerciale, aussi hauts que 4,000 $. Le total des ventes, pour la journée, dépassa 125,000 $ que l’on destinait, nous expliqua-t-on, à l’installation des tuyaux d’eau potable et d’un égout. La plupart des lots furent achetés par des hommes d’affaires de la région du lac Saint-Jean ne craignant pas de spéculer quelque peu, car en dépit des rumeurs se succédant sans arrêt, il n’y avait pas une seule mine, dans tout le Chibougamau, à la veille de produire, pas plus qu’il n’y avait la moindre baraque en construction, avant la vente, sur le site de la future ville. C’était de la pure spéculation à longue haleine, aussi risquée que de jouer sur les actions minières.

L’un des premiers à établir un bureau dans la « ville » de Chibougamau et à y installer son foyer fut Bill Lafon-