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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

j’ai vu un type recevoir un upper-cut et il a sauté de huit pieds en l’air. »

Un nouveau camp minier attire des gens de toute espèce. L’un des premiers arrivés dans le Chibougamau était — devinez — qui ? — un bijoutier ! Il n’ouvrit pas de magasin ; il bâtit simplement une cabane, y végéta durant quelques mois, puis disparut. À la suite du bijoutier arrivèrent quelques autres rêveurs (dont l’auteur du présent volume) : puis, la « ruée » se ralentit et la nouvelle cité, parsemée d’une douzaine de maisons à peine, prit l’aspect d’une ville fantôme. Il n’y aurait qu’une mine en production qui pourrait, avec les salaires qu’elle verserait — et qui circuleraient, soyons-en certains ! — faire de cette « ville » inexistante un village vivant.

Le « townsite » était si peu bâti, qu’un étranger, qui avait bu d’un vin généreux, enfila un jour la rue principale, dans son auto lancée à toute vitesse et s’alla embourber dans le marécage bordant le lac Gilman, où se termine la rue Commerciale. Lorsqu’on l’eût dépêtré de là, il rugit : « Pourquoi ne mettent-ils pas une enseigne pour nous avertir que nous sommes dans la « ville » ? J’ai cru que ces hangars-là étaient dans la cour d’un camp de bûcherons ! »

J’ai acheté, pour ma part, un lot sur la rue Commerciale, parce que je désire — un autre rêve — m’y établir à titre de courtier en concessions. Une annonce dans l’hebdomadaire « Northern Miner » me valut une réponse… d’un type de Peoria, Illinois, dont le cerveau zigzaguait. Ce n’était pas un claim qu’il voulait, mais une mine d’or en pleine activité. Le tout pour cent piastres. Là-dessus, je fermai boutique et depuis, ne l’ai visitée que deux fois… pour voir si le toit est toujours en place.

Le « townsite » était si ennuyeux, que la plupart des prospecteurs émergeant de la brousse, passaient tout droit