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ASIE — MANDCHOURIE — MUKDEN

le ventre. Elles vont ainsi, ventripotentes et grosses comme des tonneaux.

Trois petites mules halent le tramway vert, grand comme une boîte aux allumettes. La ricksha est de forme différente de celle du Japon. Elle est plus basse et plus renversée. Une garniture décorée d’arabesques argentées pend à l’arrière. Les voitures de place sont de petits landaus tout bas, tout bas : une vraie voiture d’amoureux, trop large pour un, étroite pour deux. Une autre voiture originale aussi, c’est la boîte carrée en toile bleue, complètement fermée. On dirait une malle bien bouclée. Comment l’on peut s’aménager là-dedans est mystère pour moi. Les indigènes l’affectionnent. Le camion est homérique : deux roues de chariot de cirque, un essieu qui tourne sur son axe et dont les extrémités allongées permettent aux roues de s’éloigner l’une de l’autre, selon l’état de la route. L’attelage varie à l’infini : une mule, deux, trois, quatre, cinq mules, quelquefois un cheval, un bœuf et un mulet ; souvent trois petits bœufs à longs poils, jamais étrillés, tout crottés, superbement attelés au véhicule au moyen de bouts de corde, de bouts de fer, de bouts de bois et de guenilles effilochées. Cet attirail s’en va cahin-caha, sous le long fouet du phénoménal jéhu, vêtu d’un oripeau de coton bleu doublé d’ouate et piqué en carreaux comme les jupons de nos arrière-grand’mères, et le chef coiffé d’une huppe de poil qui fait peur. Les bêtes tirent à hue à dia sur la route défoncée, et l’homme fouette et hurle à fendre l’air.

La ville japonaise est japonaise, voilà tout ; elle n’offre aucune particularité digne de mention spéciale. La ville moderne ressemble à l’une de nos cités en voie de formation dans l’Ouest canadien : rues larges, trop larges, et édifices sans cachet.

À quatre milles de la porte du nord, nous visitons le tombeau de l’empereur Ta-Tsung où fut déposé son corps auguste dans le cours de l’été de 1644. Un mur de dix-huit cents verges entoure le terrain ombragé de pins séculaires.