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Chapitre V

MANDCHOURIE


Mukden


11 décembre — Nous nous enregistrons à l’hôtel Yamato, tenu par la compagnie du chemin de fer de la Mandchourie-sud. Mukden est l’une des plus anciennes villes de la Mandchourie dont elle fut la capitale sous le règne des Tsing. En 1664, la capitale fut transférée à Pékin. Elle comprend trois villes distinctes : la ville mandchoue, la ville japonaise et la ville moderne. La ville mandchoue est entourée d’un mur de brique grise de quatre à cinq milles de longueur, de trente pieds de hauteur, large de seize pieds au sommet et de vingt-six pieds à sa base. Huit portes surmontées de tours élevées permettent d’y entrer. Les rues sont étroites, sans pavés et tortueuses ; les costumes, de la plus grande originalité.

Peu d’enfants et de femmes circulent dans les rues et sur les places publiques. Au premier coup d’œil, il est difficile de distinguer les femmes des hommes ; mais bientôt on découvre la coiffure de ces belles d’un nouveau genre, relevée en haut chignon à jour, tenue en place par une monture de métal ou de bois. Quelques-unes sont vêtues de justaucorps de couleur garnis de lapin. Tous portent le pantalon serré à la cheville. Pour se protéger contre le froid, ils cachent leurs oreilles dans de petites bourses de fourrure distinctes de la coiffure. Si le temps se radoucit, les cache-oreille sont rejetés sur le dos où ils pendent au bout de leurs cordons. Ces deux touffes de poil, chaque côté de la tête coiffée d’un casque énorme et hirsute, leur donnent un air de bête féroce, de loup sortant du bois. Contrairement aux japonaises, les femmes mandchoues portent leurs mioches attachés sur