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ASIE — CHINE — TSIN-NAN-FOU — SHANGHAÏ

rivière Whampoo pour atteindre la concession anglaise, nous touchons le sol anglais. L’Angleterre est chez elle ici comme à Londres. Il en est ainsi pour les autres puissances dont les concessions sont garanties par les traités.

En un quart d’heure vous traversez le territoire de plusieurs pays européens. L’uniforme anglais coudoie l’uniforme français ; le boulevard Edouard VII avoisine l’avenue Joffre. Dans la rade, des croiseurs, des navires de guerre, des cuirassés battent les pavillons de toutes les puissances du monde.

Le Bund est le parc conventionnel de toutes ces puissances ; des affiches en interdisent l’entrée aux Chinois. Ces affiches semblent arrogantes, choquent l’œil au premier aspect, mais, vu l’état de perturbation et d’instabilité de la république, on devine facilement le motif de cette restriction qui, après tout, est à l’avantage des Chinois eux-mêmes ; ils le comprennent bien.

31 décembre — Toute la partie européenne et même chinoise, mais commerciale de la ville, est moderne et superbement bâtie ; c’est un quartier de New-York, de Montréal. La ville chinoise contourne ce quartier ; quant au reste, elle diffère peu des autres villes du pays ; elle est beaucoup plus propre cependant.

Il y a cinquante ans, Shanghaï était une fondrière malsaine et pestilentielle ; grâce aux travaux d’assainissement, la vie est maintenant protégée.

Population d’un million et quart dont cinquante mille étrangers. Il y a peu ou point de mendiants, à peine si quelques rares déshérités du sort réussissent à éviter la surveillance de la police qui est faite par des Chinois et des Sikhs, superbes Hindous de plus de six pieds, coiffés de turbans rouges ornementés de brillants aux couleurs variées. Armés d’un bâton blanc long comme une canne, ils tapent sur le dos des coolies, un peu trop à mon avis. Il paraît que c’est la mode, même que c’est nécessaire, sans quoi, les ordonnances policières et municipales seraient lettre morte.