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OCÉANIE — JAVA — BORNÉO — BATAVIA

cueilli des bottes de roses magnifiques, le long des chemins où elles croissent à l’état sauvage ; aussi les orchidées et mille autres variétés de fleurs que je ne puis énumérer. C’est aujourd’hui jour de fête pour les Chinois, à Java ; ils se réjouissent dans les rues et se livrent à des amusements qui nous semblent grotesques, mais qui doivent avoir pour eux une signification que nous ne saisissons pas bien.

8 février — Que vous dirai-je de plus de la beauté merveilleuse de Java ? Un écrivain français, M. Désiré de Charney, a décrit cette île : « Un paradis que rien sur terre ne peut surpasser et que la plume, le pinceau et la photographie ne peuvent fidèlement reproduire ». Je suis de son avis : il n’a rien exagéré. Honolulu nous a ravis ; Honolulu n’est qu’une goutte d’eau auprès de cet océan de beauté prodigieuse qu’est Java !

Hier soir, vers sept heures, à mes oreilles retentit une musique vibrante, tout à fait étrange, qui sortait du gazon. Je m’enquiers de ce phénomène nouveau pour moi ; l’on m’informe que ce bruit est produit par des millions d’insectes de trois pouces de longueur, de couleur brune, qui vivent dans le sol. Ils chantent et se gonflent jusqu’à ce qu’ils crèvent. Ils ne chantent qu’une fois et ils meurent ; c’est leur chant du cygne. Demain soir, d’autres reprendront le concert et mourront aussi. Cet orchestre de frelons se fait entendre chaque soir, à la même heure, après le coucher du soleil. La musique est toujours la même ; les musiciens seuls changent. Le leitmotiv de ce concert, qui dure un quart d’heure, rappelle les trilles des grenouilles et des criquets, mais il est d’une force et d’une puissance qui assourdissent.

En revenant d’une course au sanatorium de Garoet, notre attention s’arrêta sur un groupe intéressant dans un village indigène : une femme et deux enfants décortiquaient du riz dans une sorte d’auge allongée dont l’une des extrémités se terminait en tête de cheval qui se cabre. La femme, plantureuse, était nue jusqu’à la ceinture ; les deux mioches portaient le costume de