À 1 heure p.m., nous reprenons le sampan qui nous dépose au pied de l’escalier de commandement du bateau. Nous mettons le cap sur Rangoon que nous atteindrons mercredi matin. Nous entrerons ce soir dans les eaux profondes de la baie de Bengale — plus de vingt-cinq mille pieds à certains endroits. Sur notre gauche, le groupe des îles Nicobar et Andaman se dessine à l’horizon.
J’oubliais de vous dire que nous sommes entrés dans la cathédrale de Mgr Barillon. Grâce à un calendrier suspendu à une colonne, nous découvrons que le carême est commencé depuis le 9 février et qu’il nous faudra faire nos Pâques le ou avant le 27 mars, à moins de prendre avantage de l’extension jusqu’à la Quasimodo. Notre carême se trouve raccourci d’autant. Nous ferons le Carême impromptu du bon curé de Gresset ; voilà ce que l’on gagne à voyager !
Le jardin botanique de Pénang est un charmant petit coin dans le flanc de la montagne ; une chute très élevée verse le cristal de ses eaux dans un beau lac parsemé de fleurs.
21 février — Nous naviguons toujours. Il fait très bon ; une délicieuse brise du nord rafraîchit agréablement. Il peut arriver que la Birmanie et les Indes nous réservent des surprises sous le rapport de la température.
22 lévrier — Les renseignements qui nous sont fournis au sujet de Mandalay et du voyage sur la rivière Irrawaddy, nous engagent à modifier notre itinéraire. Nous décidons de ne pas faire cette excursion de plus de cent heures de chemin de fer, pour ne voir, après tout, que des clochetons de pagodes, des champs de riz et des crocodiles, quand ces sauriens veulent bien se montrer. Nous lirons Rudyard Kipling : l’illusion vaut mieux que la réalité !
Nous adressons un marconigramme à l’hôtel de Rangoon, pour retenir des chambres ; nous avançons ainsi de huit jours notre arrivée projetée, à Calcutta. Il y a tant de choses intéressantes à voir aux Indes !
Le télégraphiste nous fait gracieusement visiter son poste de Marconi. Il en explique le fonctionnement ; et,