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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

10 octobre — Nous arrivons à Los Angeles après avoir franchi les quatre-vingts milles qui séparent cette ville de San-Bernardino. Nous voici en plein climat des tropiques, sous le ciel diaphane et chaud de la Californie. Des vergers de citronniers, d’orangers, de pruniers, des vignobles se déploient à perte de vue, symétriquement ordonnés. On se croit transporté en France, en Italie, en Espagne, en Algérie.

Nous séjournerons deux jours en ce lieu charmant ; nous en visiterons les alentours, et, mercredi matin, le Southern Pacifie nous transportera à San-Francisco, cependant que de notre pullman nous verrons se dérouler d’un côté les pittoresques rivages de la mer de Californie, de l’autre la riche moisson des vergers ployant sous les fruits savoureux. Dans le désert, il a fait un peu chaud : 85° sur le midi ; les nuits ont été froides ; il fait un temps de velours.

Los Angeles est une ville de sept cent mille âmes. Ses rues sont larges, pavées d’asphalte ou huilées. Les principales artères commerciales, Main, Broadway, sont presqu’aussi fréquentées que les avenues de même trafic à New-York et à Chicago, avec beaucoup plus d’ordre cependant. La population est hétérogène. On y croise des types parfaits de Mexicains, d’Espagnols. Ils retrouvent ici le climat de leur doux pays. On rencontre un peu partout des mousmés japonaises, aux yeux taillés en amandes ; elles portent le costume européen. Ce sera plus intéressant de les voir chez elles, dans leur île, emmitouflées dans leurs kimonos fleuris.

Sur le train, je fais la connaissance d’un Japonais, Sinichiro Susuki San, gérant d’une grande filature de coton, la Dai Nippon Boshoku Kaisha, de Tokio. Il s’embarque avec nous sur le Shinyo Maru. Il parle très bien l’anglais. Il a parcouru les Rocheuses et l’Ouest canadien dont il dit des merveilles. Nous nous promettons de longues conversations sur nos pays respectifs, durant les dix-huit jours de la traversée. Je