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trois étaient blessés grièvement. Ils se traînèrent péniblement chez un rajah qui prit soin d’eux.

Quelques mois plus tard, Nana-Sahib fut dévoré par ses semblables : les tigres de la jungle du Bengale où il s’était caché pour échapper à la justice ; digne fin d’un tel monstre !

Après la mutinerie, les Anglais, dans le but de terroriser les indigènes et d’empêcher de nouveaux soulèvements, lancèrent une proclamation en vertu de laquelle tout condamné à la peine capitale était forcé, avant de subir sa peine, de lécher avec sa langue une partie du plancher de la maison où avait eu lieu le massacre. Les Hindous, ayant horreur du sang, résultat de leur préjugé religieux, se trouvaient ainsi doublement et horriblement punis.

Notons en passant le Kaisarbagh, le Palais des derniers rois, le Makbarah du nabab Saddat Ali Khan, le Chutter Manzil, surnommé le Palais du parasol, parce que sa coupole est couronnée d’un parasol doré. Il sert au United Service Club et aux représentations théâtrales. Le Lal Baradari, à proximité, renferme la bibliothèque publique. Le Palais des perles est la propriété privée du maharajah de Babrampore ; le Shah Najaf, où se trouve le tombeau du premier roi de l’Oudh, Gazi-ud-din-Haider, et de ses deux reines. On y remarque des peintures murales qui représentent le roi, le sein nu, et entouré des danseuses de son harem ; le Sikander Bagh, et bien d’autres. Mais le monument qui m’a plu davantage est le collège la Martinière où se trouve le tombeau de son fondateur, Claude Martin.

Voici, en quelques mots, l’histoire de ce soldat de fortune. Il naquit à Lyon, en 1735 ; son père était tonnelier. À l’âge de seize ans, il s’enrôla dans les troupes françaises commandées par le comte de Lally et dirigées sur les Indes. En janvier 1752, on le retrouve à Pondichéry où il se fit remarquer par sa bravoure et son intrépidité dans plusieurs engagements, notamment à Gandelour, à Tanjore, au siège de Pondichéry qui fut pris par les Anglais en 1761. Ce fut pratiquement la fin du