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forment un quartier de la ville, et comptent parmi les plus somptueux des Indes. Ses immenses jardins sont remplis des plantes les plus rares. L’un d’eux est aménagé d’un système d’arrosage à tuyaux dissimulés dans les arbres de façon à créer l’impression d’une averse naturelle. Un grand lac artificiel héberge d’énormes crocodiles et tortues. Les éléphants du maharajah, — il en a cinquante-quatre, — paradent dans les rues. Nous les avons vus au rond-point, près du Palais des Vents, curieux palais rose aux multiples clochetons et aux cinq cents fenêtres. Les écuries aux trois cents chevaux, la cour aux chameaux, les cages des sept plus beaux tigres en captivité qui existent, l’enclos des combats d’éléphants, la remise aux carrosses de gala valent la peine qu’on s’y arrête un peu. Les chevaux ne sont intéressants que par le nombre.

Dans la rue, au retour, nous retrouvons un fakir nu, couché en plein soleil depuis le matin ; il était encore là à 5 heures p.m.

À dos des éléphants du maharajah, nous allons au château d’Amber, à six milles de Jeypour. Ce palais est situé au sommet d’une montagne qui domine la vallée sinueuse au fond de laquelle un lac bleu saphir reflète dans le miroir de ses eaux la montagne, le château, la tour des trésors, les murs de fortification, les bastions et les créneaux, les ruines d’un temple, les terrasses d’un jardin qui devait être splendide au temps où le maharajah demeurait ici. Ce dernier dut quitter ce coin de paradis à cause de l’impureté de l’eau. Les tigres, eux, ne sont pas si particuliers. À la tombée de la nuit, entre chien et loup, ils descendent de la montagne s’abreuver au lac, et font retentir les échos de leur voix peu rassurante pour les rares habitants qui persistent à demeurer dans cet endroit qui a vu de plus beaux jours. C’est notre première excursion à dos de pachydermes depuis Rangoon. Nous gravissons le mont, bien installés sur le houdah, dont nous tenons fermement la garde de fer, les pieds reposant sur une planchette retenue au flanc de l’animal par deux cordes solides. La bonne bête, Maïna, est