Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
ASIE — JAPON — YOKOHAMA — TOKIO

d’une épaisseur d’environ un pied et imprégnées dans une composition qui leur assure une durée de dix siècles.

J’ai cru comprendre, cependant, que dans une chambre particulière, le public a accès, après s’être, à la porte, lavé les mains dans la fontaine sacrée. Au fond de la nef, reluit un grand miroir dont la glace reflète l’âme, la conscience et aussi les péchés du dévot.

Dans un des nombreux temples bouddhistes que nous avons visités, j’ai vu un véritable confessionnal ; le pénitent se confesse à travers la grille ; la place du prêtre est prise par l’idole ; ce n’est pas gênant. Au bas du grillage, j’aperçus un énorme cadenas d’acier. Je crus qu’il symbolisait le secret de la confession, mais un examen plus attentif me révéla qu’il fermait, d’une façon sûre, le coffret aux offrandes. Il y a, dans tous les pays, des larrons que le scrupule et le sacrilège n’effraient pas. Dans ce même temple, se trouve une statue miraculeuse en bois. C’est la statue de Binzuru, l’un des seize Rakans, premiers disciples de Bouddha. Elle guérit de tous maux. Frottez la partie de la statue qui correspond à l’endroit où vous souffrez et vous êtes guéri. Ne vous gênez pas. Cette pauvre statue n’a plus ni nez, ni yeux, ni oreilles, ni doigts, ni pieds ; à force d’être frottée, elle n’a plus forme humaine. Des milliers et des milliers de personnes fréquentent ces sanctuaires qui sont tous d’une richesse de décors inconcevable. Il y en a de très vieux. Quelques-uns contiennent les tombeaux des empereurs, des shoguns et des daimyos. Dans les temples, l’on voit des statues de Bouddha, en or, en bronze et en ivoire, de grandeur variant d’un demi-pouce à quarante pieds de hauteur. Le culte shintoïste est plus sobre et plus sévère que le culte bouddhiste. À la porte des temples bouddhistes, des statues colossales d’hommes, à face et aux allures de démons, chassent les esprits du mal. Ce sont les Ni-o, gardiens du temple. Pour se les rendre propices, les fidèles écrivent des prières sur de petits carrés de papier qu’ils mâchent et jettent sur ces démons. Si le papier colle à la statue, la prière est exaucée, sinon : mauvais présage. Les