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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/12

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le nu au théâtre

que l’ampleur de son geste ou le timbre de sa voix. Trois facteurs concourent donc à créer l’idéal esthétique que le public exige : ta orme ou la plastique, le geste où l’action, la voix ou la diction.

C’est le premier de ces éléments scéniques, — la forme, — que nous nous proposons d’étudier ici. Il s’agit, bien entendu, de la forme féminine. Non que la beauté masculine soit à dédaigner ; elle est aussi nécessaire que la grâce de la femme. Mais comme elle est toujours strictement et décemment vêtue, elle laisse simplement deviner la musculature plus ou moins accentuée, et n’exhibe que le visage. La femme, au contraire, met sur la scène toutes voiles dehors. La nature l’a pourvue d’une carnation merveilleuse dont le tracé veineux estompe légèrement la blancheur mate ou nacrée, et de charmes exquis, les seins, que la pudeur défend de démasquer à la ville, mais que l’usage commande de décolleter au bal et au théâtre. Licence en deçà d’une porte, prohibition au delà. Quant aux autres appas, pour parler le langage du dix-huitième siècle, ils sont comme ces trésors que Polin réserve à sa promise, et, d’une façon générale, fermés aux regards indiscrets. Mais où serait précisément le plaisir, Si on n’enfreignait pas les rigides lois de la morale ? De fait, le théâtre a été, est encore, le musée vivant des exhibitions plastiques, licites ou non : c’est l’histoire de ces exhibitions qui l’ait le sujet de ce volume.