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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/16

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le nu au théâtre

Des p’tits, des gros, des durs, des flous.
Nous avons surtout ce concept
Qu’ils n’en ont pas chez Édouard vii.
J’exige avec autorité
Que l’beau sexe soit décoll’té,
Car, je le dis sur tous les tons,
Je suis l’Empereur des Teutons[1] !


(Le Musée s’en fiche, revuette d’Eug. Lemercier, 1905.)

Sur ce chapitre, Napoléon III n’était pas moins sévère que Guillaume. Aux représentations de Compiègne,
Fig. 6 — La loge rôtie, à la représentation
de Fernand Cortez (1809)

les invitées n’étaient admises qu’en toilette de bal. L’impératrice Eugénie, quoique petite-fille de l’épicier Ker-Patrick, ne supportait point qu’une gaze même légère voilât les épaules féminines, fussent-elles sexagénaires. « Un jour, L. de La Bédollière, dans ses Souvenirs contemporains[2], ayant découvert une vieille dame non décolletée, que la curiosité avait attirée et qui se dissimulait de son mieux au dernier rang des loges, l’impératrice envoya le chambellan de service donner l’ordre à la pauvre femme de quitter immédiatement la salle. On juge de l’effet que cela produisit. »

Aussi bien, si l’étiquette mondaine exige le décolletage aux galas de théâtre, ne convient-il point de le pousser à l’excès et, à la faveur de cette liberté, prendre avec la bienséance des licences

  1. Guillaume ii n’est pas le premier qui ait exigé au théâtre ou dans certaines cérémonies de la cour ; un édit français de 1530 relatif aux entrée royales dans les villes ordonnait que, sur le passage du cortège, les fenêtres des étages inférieurs où du rez-de-chaussée fussent garnies de belles jeunes femmes, gorge et épaules nues.
  2. Carpentier édit.