Aller au contenu

Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
le nu au théâtre

les sexes se réunissaient et publiquement une lubricité éhontée secouait la ville : l’exhibition du nu était certainement la manifestation la plus anodine.


Fig. 17. — Jongleuse. Terre cuite de Smyrne, reproduite par Marius Vachon dans la Femme dans l’art

Fig. 18. — Saltateur qui tient une sorte de cornemuse à trois bouches. Tirée de la Saltation théâtrale par de l’Aulnaye, 1790.

Cependant le théâtre grec fut autre chose qu’un culte rituel plus ou moins érotique ; pendant la grande période d’art qui vit surgir des Eschyles, des Euripides, des Sophocles, des Aristophanes, le théâtre fut porté à son apogée. Les rôles des lemmes furent, au début, remplis par des hommes, — ceux-ci étant masqués, l’équivoque était d’autant plus facile (fig. 27). D’où l’apostrophe de Juvénal : « Qui donc peut se vanter de jouer mieux qu’un Grec le rôle d’une courtisane ou d’une honnête épouse, ou même celui de Doris sortant de l’eau toute nue ? » C’est Phrynicus, successeur de la gloire de Thespis, qui introduisit les femmes au théâtre (les Phéniciennes, les Danaïdes, la Prise de Milet, Alceste).

Qui ne connaît la tradition du chœur terrifiant des cinquante Furies qu’Eschyle fit paraître dans ses Euménides — dites Bénignes par euphémisme — et qui, vêtues de noir, portant des torches enflammées, des bâtons ou des haches, provoquèrent, par la stupeur