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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/36

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le nu au théâtre

la séparation des hommes et des femmes. Avis donc au peuple de Guillaume ii.

Aussi l’homosexualité fut-elle chantée, fêtée, célébrée en public. Le grand empereur de l’inversion, Héliogabale, — dont Jean Lombard a retracé de façon saisissante, dans l’Agonie, les aventures odieuses et la philosophie hermaphrodite — Héliogabale se montrait en public, nu, flanqué d’un éphèbe et de femmes nues également.
Fig. 23. — Fragment de peinture d’Herculanum. Actrices romaines.

Et comme le César voulait incarner le dieu suprême asexué, il dissimulait son sexe par ce procédé que La Fontaine devait rappeler dans ce conte égrillard, où il nous dit comment un galant fourvoyé dans un couvent et y commettant des frasques, passa devant la Mère Supérieure le conseil de revision.

C’est le même Héliogabale qui, dans une pantomime, le Jugement de Pâris, jouait le rôle de Vénus, en costume classique de déesse[1].

Auparavant, Caligula avait tour à tour paru en public sous les traites de Diane, de Junon, puis de Vénus.

Les courtisanes qui jouaient les mimes n’avaient d’autres costumes que leur peau satinée et elles simulaient tous les actes de la génération. Lampside assure que, sous Héliogabale, « elles en vinrent à offrir aux spectateurs la réalité de l’acte[2] ».

  1. En outre, dit l’historien Ælius Lampridus, que nous traduisons, il représentait dans son palais la fable de Pâris, jouant lui-même le rôle de Vénus. Soudain, ses voiles ses pieds ; puis, tout nu, cachant d’une main sa gorge, de l’autre son sexe, il pliait les genoux, le… bas des reins saillant et s’offrant aux assistants. De plus, il donnait à son visage les traits sous lesquels Vénus est peinte, tout le corps épilé.
  2. Sur le théâtre chinois, la consommation du mariage et la mise au monde d’un enfant s’effectuent en pleine scène ; l’exhibition du phallus y est d’ailleurs fréquente. De même, Karageuz se vautre dans l’obscénité à Constantinople, tandis que ses Sosies, le grotesque Gara-gouzs est l’idole d’Alger et de Tunis, el Quaragouch étale sa lubricité au Caire. Ne serait-ce pas du nom de ce personnage comique qu’est venu celui de Scaramouche