Fault un petit bar sur deux roes pour porter ung paraleticque qui sera gary par saint Pierre.
Fault des lunettes pour Satan comme les vieillards usés.
Fault ung enfant nud pour présenter aux dieux par Zazoes magicien.
Faull une faincte pour couper la teste à saint Mathieu.
Fault un nud ou une carnacion pour escorcher sainct Bartholomy. Sera mis sainct Bartholomy sur une table tornisse et dessoubz ung nud, et en le couvrant d’un linceul fault secrètement tourner la table.
Sera décapité saint Pol et fera la teste troys saulx, et de chacun saulx sortira une fontaine dont sourdra laid, sang et eaue.
Dans l’appendice de ce Mistère, on apprend que saint Denis et ses compagnons venant d’être fustigés, doivent être ramenés nus en prison, que Lysbius doit être baptisé nu dans une cuve à un seul pied, enfin qu’un diable doit sortir d’entre les jambes de Sarcia, Jeune païenne qui se convertira.
On voit que la machinerie théâtrale, au moyen âge, puis sous la Renaissance était fort compliquée, malgré les moyens rudimentaires dont on disposait[1].
Le théâtre du seizième siècle se libère un peu des légendes religieuses et il s’étend à des œuvres de pure imagination. Cependant, bien des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament servirent de thème aux mystères représentés devant Les contemporains de François ier et d’Henri ii.
L’un de ces épisodes les plus savamment exploités, c’est l’aventure de La Chaste Suzanne surprise au bain par les deux vieillards. il est curieux de constater combien ce symbole avait frappé les esprits : peintres et auteurs de mystères l’ont traité maintes et maintes fois, ainsi obéissaient-ils sans doute au goût populaire. C’est que Suzanne incarne la jeune fille, aimée du public, pudique, vertueuse, et malheureuse à cause de sa pudeur et de sa vertu.
Cependant la pudeur n’exclut pas le déshabillé ; il fallait bien que Suzanne, pour être surprise par les deux satyres, parût en public vêtue de ses seuls cheveux. On joua ce mystère en 1550, à Zurich, sur une place publique près d’une fontaine où l’héroïne se baignait aux yeux de tous — sans costume de bain[2].
Un autre mystère : l’Histoire de Sainte Suzanne exemplaire de toutes sages femmes et de tous bons juges nous fait assister à la même exhibition.
Le vingtième mystère du vieil testament est consacré à la même aventure. Suzanne, toujours parée de son négligé classique, fait
