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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/48

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le nu au théâtre

aux servantes qui l’accompagnent au bain une réflexion quelque peu risquée pour une personne aussi chaste :

Et pourtant une fille sage,
Se doit montrer douce et honnête,
Sans souffrir qu’on la tâte ou baise ;
Car baiser attrait autre chose.

Après tout, cette chasteté, si bien renseignée, eût-elle résisté à l’attaque de jeunes coureurs au lieu des vieux marcheurs de l’Écriture ?

Une autre fois, en 1533, il s’agit d’une « belle histoire » dont Dieu, le Christ et la Vierge sont les trois héros ; ce mystère fut représenté pour la veuve du duc de Nordfolk, ambassadeur du roi d’Angleterre.

Dieu le père estant en son trosne, tenant les troys dars de sa justice, et estoit en escript :

Voycy le grand tribunal de justice
Auquel Dieu veult pugnir nostre malice.

Ung glayve pendant sur le peuple :

Nisi conversi fueritis, gladium suum vibravit.

Jhesu Crist estant a genoulx devant Dieu le père, a la destre, montrant ses playes.

La Vierge Marie estant a genoulx a senestre, montrant ses mamelles, priant pour le peuple :

La Vierge Marie, advocate du monde,
Priant pour nous d’affection profonde.

Le peuple estant à genoux :

Quant des troys dars le peuple se recorde,
Très humblement crye misericorde.

Le théâtre des troys dars :

Mortalité, famine, sécheresse,
Sont pour punir la cité pécheresse.

Dans ce théâtre d’imagination, même absence de retenue, en ce qui concerne l’exhibition du nu et des seins. La tragi-comédie pastorale de Mylas, par Claude de Bassecourt (1594), nous initie aux aventures de la bergère Mylas qui, s’apprêtant à se baigner dans la fontaine, se déshabille totalement ; mais, à ce moment, un satyre, — un vrai — se jette sur elle, et comme elle résiste désespérément, il l’attache, nue, à un arbre. Heureusement pour la pauvrette, son amant Cloris survient, pourchasse le satyre et délivre la baigneuse.

Ce n’est pas la seule fois où l’actrice — peut-on décemment em-