Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/106

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traction. Elle aurait complètement disparu, si une cause quelconque avait notablement changé les distances planétaires ; c’est une remarque que nous avons déjà faite en discutant la nouvelle conception cosmogonique de M. Faye.

Mais si l’action des marées solaires n’a pu altérer la moyenne distance des planètes, il ne semble pas impossible de lui attribuer une part d’influence dans l’excentricité des orbites et aussi l’inclinaison des axes de rotation sur le plan de ces orbites.

C’est surtout dans la formation des systèmes secondaires, beaucoup plus resserrés que le système des planètes, que l’on doit espérer retrouver des traces de l’action du frottement des marées. D’après l’hypothèse nébulaire, une nébuleuse planétaire va se contractant, et tourne plus vite à mesure qu’elle se contracte. La rapidité de la rotation rend bientôt sa forme instable ; une portion de matière s’en détache, soit sous forme d’anneau, soit autrement ; et comme cette portion détachée était celle qui possédait la plus grande quantité de mouvement angulaire, le reste peut reprendre une forme d’équilibre. Il se reproduit ainsi à intervalles une série d’époques d’instabilité et de production de satellites.

Mais le frottement de la marée solaire agit en sens contraire de la contraction et tend à diminuer la vitesse de rotation. Par suite donc de la simultanéité des deux actions, les époques d’instabilité reviennent à de plus longs intervalles que si la contraction agissait seule. Si même l’action retardatrice de la marée est suffisante, cette instabilité ne se produira jamais, et par conséquent, les planètes les plus voisines du Soleil, Mercure et Vénus, ne se sont pas trouvées dans les conditions favorables à la production d’un satellite. Les grandes planètes plus éloignées du Soleil ont dû, au contraire, voir les périodes d’instabilité se renouveler fréquemment, en raison de la faiblesse des marées solaires ; elles doivent donc posséder un plus grand nombre de satellites. Pendant la contraction de la masse terrestre, l’équilibre a pu exister longtemps entre l’accélération due à la contraction et le ralentissement produit par la marée. La Lune a donc dû naître à une époque déjà avancée de l’histoire de la Terre et lorsque celle-ci s’était déjà contractée presque à ses dimensions actuelles. Nous avons vu que M. Roche est arrivé aussi de son côté à des conclusions semblables. Il n’est donc pas étonnant que la Lune possède relativement à la Terre une masse plus consi-