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dérable que celle des autres satellites en regard de leurs planètes, si ceux-ci se sont formés dans des conditions différentes. De même aussi la genèse d’un gros satellite, auprès d’une planète déjà avancée en âge, a produit des marées considérables dans le système, et l’on doit s’attendre à voir l’action de ces marées prédominer dans les phases successives qui ont amené le système à son état actuel.

L’action de la marée solaire sur Mars est à fort peu près la même que sur la Terre. La masse de cette planète est fort petite. On doit donc supposer que Mars est déjà arrivé à une période très avancée de son histoire, et c’est ce que confirme l’existence de ses singuliers satellites, Phobos en particulier. Ce corps s’est formé comme la Lune au contact de Mars ; mais la petitesse du satellite n’a donné à l’action des marées qu’une influence extrêmement faible sur l’état du système : le satellite s’est éloigné, mais à une très petite distance, en même temps que sa période de révolution augmentait, et que la vitesse de rotation de la planète diminuait d’une quantité presque infinitésimale. Il est donc venu bientôt pour lui un temps, qui arrivera plus tard pour la Lune, où les deux vitesses sont devenues angulairement égales ; et à partir de ce moment, le frottement de la marée solaire a continué à diminuer la vitesse angulaire de Mars, la réaction de la marée sur le satellite a changé de sens, la vitesse de celui-ci sur son orbite s’est accrue et en même temps il s’est rapproché de sa planète, mais très lentement. C’est ce que les âges futurs verront se passer dans le système de la Terre et de la Lune ; mais tandis que celle-ci, en raison de sa grande masse, devra s’éloigner beaucoup de la Terre avant que la réversion des actions ait lieu, le petit satellite de Mars n’a eu besoin d’aller qu’à une faible distance de sa planète avant de revenir vers elle. Le second satellite, Déimos, fait encore sa révolution en 30h 18m, tandis que Mars tourne sur lui-même en 24h 37m ; Déimos doit donc encore aujourd’hui s’éloigner de la planète, mais très lentement. Les plans des orbites doivent se trouver à fort peu près en coïncidence avec l’équateur de la planète. Celui-ci est assez fortement incliné, 27°, sur le plan de l’orbite ; cette inclinaison serait due entièrement aux marées solaires, et sa grandeur indique aussi une révolution déjà très avancée de Mars, si primitivement son axe a été presque exactement perpendiculaire à l’écliptique.