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CHAPITRE VII.

LA FIN DES MONDES.


Une étude cosmogonique complète doit nous apprendre comment finiront les mondes dont elle nous a montré l’origine. Les mêmes forces mécaniques qui ont transformé le Chaos primitif et donné naissance aux globes célestes gravitant isolément dans des espaces vides continuent à agir sur eux, transforment et modifient incessamment leurs mouvements et leurs positions relatives ; l’énergie primitive placée à l’origine dans la matière reste sans doute entière, mais subit d’incessantes métamorphoses qui la font apparaître tour à tour sous forme de mouvement, de chaleur, d’électricité ; la chaleur accumulée dans un soleil se répand progressivement dans l’Univers entier ; la quantité du mouvement soit orbital, soit rotationnel, que possédait un astre, passe dans ses satellites et une portion se transforme en chaleur : nous sommes ainsi amenés à nous faire du monde et du mécanisme qui le gouverne une idée complètement différente de celle qui, nous devons l’avouer, régnait dans l’Astronomie il y a quelques années encore.

Un des plus beaux titres de gloire de Laplace est d’avoir démontré l’invariabilité des grands axes du système planétaire. Les orbites des planètes se déforment et se déplacent, leurs intersections avec l’écliptique parcourent successivement les différents signes du zodiaque, leurs périhélies peuvent faire le tour entier du ciel ; les inclinaisons se modifient sans cesse ; « mais dans cet ensemble de mouvements si complexes et si divers, il est un élément qui reste constant, ou du moins ne varie qu’entre des limites très étroites : les grands axes des orbites planétaires n’ont pas d’inégalités séculaires, ils ne font qu’osciller de part et d’autre de leurs valeurs moyennes, en vertu des inégalités périodiques ; ces grands axes, qui sont aujourd’hui très différents les uns des autres, le seront donc toujours. — Il en résulte que les temps des révolutions des di-