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Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/113

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verses planètes sont constants, ou du moins ne sont soumis qu’à de petits changements périodiques. Ce beau théorème est la base fondamentale sur laquelle repose aujourd’hui l’Astronomie théorique, de même que l’Astronomie d’observation est fondée sur l’invariabilité de la durée du jour sidéral[1]. » La stabilité mécanique du système planétaire étant ainsi établie, quelle sera la fin des mondes qui le composent ? J’en emprunte la description à M. Faye : « Le Soleil perd constamment de sa chaleur, sa masse se condense et se contracte ; sa fluidité actuelle doit aller en diminuant. Il arrivera un moment où la circulation qui alimente la photosphère, et qui régularise sa radiation en y faisant participer l’énorme masse presque entière, sera gênée et commencera à se ralentir. Alors la radiation de lumière et de chaleur diminuera, la vie végétale et animale se resserrera de plus en plus vers l’équateur terrestre. Quand cette circulation aura cessé, la brillante photosphère sera remplacée par une croûte opaque et obscure qui supprimera immédiatement toute radiation lumineuse. Bientôt on pourra marcher sur le Soleil, comme on le fait au bout de quelques jours sur les laves, encore incandescentes au dedans, qui sortent de nos volcans. Réduit désormais aux faibles radiations stellaires, notre globe sera envahi par le froid et les ténèbres de l’espace. Les mouvements continuels de l’atmosphère feront place à un calme complet. La circulation aéro-tellurique de l’eau qui vivifie tout aura disparu : les derniers nuages auront répandu sur la Terre leurs dernières pluies ; les ruisseaux, les rivières cesseront de ramener à la mer les eaux que la radiation solaire lui enlevaient incessamment. La mer elle-même, entièrement gelée, cessera d’obéir aux mouvements des marées. La Terre n’aura plus d’autre lumière propre que celle des étoiles filantes qui continueront à pénétrer dans l’atmosphère et à s’y enflammer. Peut-être les alternatives qu’on observe dans les étoiles, au commencement de leur phase d’extinction, se produiront-elles aussi dans le Soleil ; peut-être un développement accidentel de chaleur, dû à quelque affaissement de la croûte solaire, rendra-t-il un instant à cet astre sa splendeur première ; mais il ne tardera pas à s’affaiblir et à s’éteindre de nou-

  1. M. F. Tisserand, Notice sur les perturbations (Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1885, p. 823).