Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/115

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cent, entourant un globe froid et obscur, c’est tout ce qu’il faut sous le règne des fluides impondérables, pour expliquer la chaleur et la lumière solaire ; l’idée n’est pas encore née, ou plutôt elle s’est perdue, que ce foyer a besoin d’être entretenu. La vie des planètes peut donc durer éternellement, et le système planétaire est réellement stable.

Mais l’Astronomie physique est intervenue, et c’est elle qui nous a montré dans le Soleil et dans les planètes les transformations incessantes qu’ils éprouvent, et nous a forcés à croire à leur durée passagère. Un premier pas a donc été fait : le système planétaire, stable mécaniquement, ne l’est pas pour les productions vivantes dont il est le support ; la vie s’éteindra un jour à sa surface. Les mouvements mécaniques, désormais inutiles et sans but, vont-ils continuer indéfiniment ? Un nouveau pas en avant est nécessaire, pour résoudre cette question.

Aux yeux du Philosophe, la durée éternelle des êtres matériels qui ont eu un commencement est un non-sens : tout naît, vit et meurt. Les astres se sont formés aux dépens du Chaos primitif ; pendant un temps ils forment des systèmes animés de mouvements réguliers ; mais pour eux, comme pour les êtres qui vivent à leur surface, vient le jour de la destruction et de la mort. Newton, Buffon, Kant ont tous énoncé cette idée de la destruction finale et complète des systèmes qui composent l’Univers, et ce dernier en particulier a consacré à l’exposition de la fin des mondes de magnifiques pages dans le septième Chapitre de la deuxième Partie de la Théorie générale de l’Univers. Au sein du Chaos qui remplit l’espace sans limite, la création des mondes ou plus exactement leur formation va progressant sans cesse, autour d’un centre où le mouvement s’est manifesté d’abord. À chaque instant, des mondes nouveaux naissent à la limite extérieure d’une vaste sphère qui contient les mondes déjà façonnés ; et en même temps à l’intérieur de cette sphère, les mondes vieillissent et meurent. « Lorsqu’un système de mondes a épuisé, dans sa longue durée, toute la série des transformations que sa constitution peut embrasser, quand il est devenu ainsi un membre superflu dans la chaîne des êtres, rien n’est plus naturel que de lui faire jouer, dans le spectacle des métamorphoses incessantes de l’Univers, le dernier rôle qui appartient à toute chose finie : il n’a plus qu’à payer son tribut à la