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veau comme les étoiles fameuses du Cygne, du Serpentaire et dernièrement encore de la Couronne boréale[1]. »

« Quant au système lui-même, les planètes obscures et froides continueront à circuler autour du Soleil éteint. Sauf ces mouvements, représentants derniers du tourbillonnement primitif de la nébuleuse que rien ne saurait effacer, notre monde aura dépensé toute l’énergie de position que la main de Dieu avait accumulée dans le Chaos premier. » (Faye, Sur l’Origine du monde, p. 252 et 253.)

Ainsi la vie disparaîtra de notre système planétaire, mais les mouvements purement astronomiques du système continueront indéfiniment à moins, ajoute M. Faye, que le mouvement qui entraîne le Soleil vers la constellation d’Hercule n’amène une collision fortuite, qui transformerait en chaleur l’énergie que notre système a possédée jusqu’ici, et ramènerait ses matériaux à l’état de nébulosité incandescente. Mais une pareille collision est bien peu probable, de l’aveu même de M. Faye. Il semble même que l’idée dominante de la stabilité du système du monde exclut absolument la possibilité de ces chocs. Si les choses ont été arrangées autour du Soleil de manière que les planètes même éteintes puissent continuer indéfiniment leurs mouvements suivant les mêmes lois, les mouvements des étoiles dans l’immense amas de l’Univers doivent aussi avoir été combinés, par des lois que nous sommes impuissants à expliquer, de manière à ne pas se gêner réciproquement et à interdire toute rencontre entre elles. Ce n’est donc pas seulement notre système qui finira, comme M. Faue vient de le décrire en un si beau langage : c’est l’Univers tout entier, qui, à la fin des temps, aura perdu toute lumière, toute chaleur et toute vie, et ne se composera plus que de globes obscurs et glacés, circulant silencieusement dans les ténèbres d’une nuit éternelle.

Telle est la destinée finale du monde, si le théorème de Laplace est vrai. Et pourtant combien M. Faye est loin déjà des idées que Laplace et ses contemporains pouvaient se faire du Soleil et des planètes ! Pour eux, le Soleil est une source indéfinie et intarissable de chaleur et de lumière ; une mince couche de gaz incandes-

  1. L’étoile de la Couronne n’est pas éteinte ; elle est aujourd’hui de 9e,5 grandeur comme elle l’était avant son énorme accroissement d’éclat en 1866.