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Terre, puis s’en retournent. Pour qu’un degré d’échauffement aussi modéré suffise à dilater et à vaporiser les matières qui forment la surface de ces corps, ne faut-il pas que ces matières soient formées d’un élément plus léger et plus facile à diffuser par la chaleur qu’aucun des corps que nous connaissons dans la nature ?

On ne peut pas davantage attribuer les vapeurs qui s’élèvent si abondantes sur les comètes à la chaleur que ces corps auraient conservée d’une approche antérieure du Soleil ; il est vrai qu’on peut se figurer qu’une comète, à l’époque de sa formation, a fait d’abord un certain nombre de révolutions dans une orbite fort excentrique qui s’est resserrée ensuite peu à peu ; mais les autres planètes, dont on pourrait penser la même chose, n’offrent aucune trace de ce phénomène. Cependant elles le présenteraient, si les espèces de matières les plus légères qui sont entrées dans la formation de la planète y étaient aussi abondantes que chez les comètes.

La Terre présente quelque chose que l’on peut comparer à l’expansion vaporeuse des comètes et à leur queue : je veux parler de l’aurore boréale. Les plus fines particules que l’action du Soleil élève de sa surface se rassemblent autour de l’un des pôles, pendant que le Soleil accomplit la moitié de sa course dans l’hémisphère opposé. Les particules les plus subtiles et les plus actives, qui montent au-dessus de la zone torride, après qu’elles ont atteint une certaine hauteur dans l’atmosphère, sont forcées par l’action des rayons solaires de se dévier et de se rassembler vers ces régions qui sont alors éloignées du Soleil et ensevelies dans une longue nuit ; et elles apportent aux habitants de la zone glaciale une compensation à l’absence de la vive lumière de cet astre, en leur faisant sentir, même à ces distances, l’effet de son action calorifique. Cette même action du rayonnement solaire, qui produit l’aurore boréale, produirait une chevelure de vapeur avec une queue, si ces particules extrêmement fines et volatiles étaient aussi abondantes sur la Terre qu’elles le sont dans les comètes.