Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/22

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M. Faye, ont essayé d’embrasser le programme complet de la Cosmogonie ; le plus souvent les efforts se sont limités à la formation du système planétaire : telle est l’hypothèse de Laplace. C’est qu’en effet les deux parties dont se compose le problème général de la formation de l’Univers, formation des soleils au dépens de la matière primitive, et formation des planètes autour de leur soleil, sont de nature très diverse et reposent sur des données scientifiques de valeur extrêmement différente. Je veux d’abord examiner ce premier point.

C’est une opinion très répandue chez les Astronomes, et qui était déjà enseignée par Anaximène et l’École Ionienne, que les astres se sont formés par la condensation progressive d’une matière primitive excessivement légère disséminée dans l’espace. Tycho Brahe regardait l’étoile nouvelle, apparue en 1572 dans Cassiopée, comme formée de la substance éthérée de la Voie lactée (Progymnasmata, p. 795). Kepler supposait que l’étoile de 1606 avait été engendrée par une substance éthérée, qui remplit tout l’espace (De stella nova in pede Serpentarii, p. 115). Il attribuait à ce même éther l’apparition d’un anneau lumineux autour de la Lune, pendant l’éclipse totale de Soleil observée à Naples en 1605. Plus tard l’existence d’une matière nébulaire, lumineuse par elle-même, était admise par Halley (Phil. Transactions, 1714). Mais il faut arriver à W. Herschel pour trouver établie sur des données d’observation l’existence de la matière nébulaire. C’est en 1811 que cet illustre Astronome communiqua à la Société Royale le Mémoire dans lequel il expose son hypothèse fameuse sur la transformation des nébuleuses en étoiles (Phil. Transactions, 1811, p. 269 et suivantes).

Quels progrès a faits, depuis 1811, cette question de la filiation des étoiles ? L’analyse spectrale nous a appris qu’il existe des nébuleuses entièrement formées de gaz ou de vapeurs lumineuses par elles-mêmes. Est-ce là la matière nébulaire primitive ? Les lignes brillantes du spectre d’une nébuleuse nous y révèlent l’existence de l’hydrogène, peut-être de l’azote et d’une autre matière inconnue. Dans les atmosphères des étoiles et du Soleil, le même procédé d’analyse nous montre les vapeurs de presque tous les métaux. Supposer qu’une étoile se forme par la condensation d’une nébuleuse, c’est donc admettre que nos métaux sont eux-mêmes