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formés par la condensation de l’hydrogène ou de quelque matière primitive inconnue, problème que la Chimie est encore impuissante à résoudre. L’Astronomie pourrait devancer la Chimie dans cette voie, si elle nous montrait une nébuleuse planétaire, à spectre de trois ou quatre lignes brillantes, se condensant peu à peu, et se transformant en une étoile à spectre sillonné de lignes noires et nombreuses. Mais la question de la variabilité des nébuleuses, même au point de vue de la forme, est encore un des mystères de l’Astronomie. Les données d’observation que nous possédons sur ce sujet sont trop récentes et trop peu sûres pour qu’il soit permis de rien affirmer, aujourd’hui surtout que nous savons que les premiers dessins des nébuleuses en spirale de Lord Rosse, sur lesquelles il serait le plus facile de surprendre la matière en voie de condensation, sont trop inexacts pour servir à des comparaisons utiles.

Nous n’avons assisté, depuis la découverte de l’analyse spectrale, qu’à une seule transformation d’astre ; et elle nous a montré, à l’inverse de ce que veut l’hypothèse nébulaire, une étoile se transformant en une nébuleuse planétaire. L’étoile temporaire du Cygne, au moment de sa découverte par J. Schmidt, le 24 novembre 1876, présentait un spectre interrompu par des lignes brillantes. Puis, peu à peu, le spectre continu et la plupart des lignes brillantes ont disparu, laissant en définitive une seule ligne brillante, qui paraissait coïncider avec la ligne verte des nébuleuses ! (The Observatory, vol. I, p. 185.)

Sans doute, une pareille métamorphose n’est point inconciliable avec l’hypothèse de l’origine nébulaire des étoiles et ce que nous savons de la constitution de ces astres. Mais il n’en résulte pas moins que le seul fait de transformation que nous ayons surpris dans le ciel n’est pas favorable à cette hypothèse, et que celle-ci ne repose en réalité sur aucune observation directe. Tout au plus peut-on invoquer en sa faveur, avec W. Herschel, l’existence de nébuleuses planétaires à divers degrés de condensation, et celle de nébuleuses en spirale avec nœuds de condensation sur les branches et au centre. Mais, en réalité, la connaissance du lien qui unit les nébuleuses aux étoiles nous est encore interdite ; et à défaut d’observation directe, nous ne pouvons même l’établir sur l’analogie de composition chimique.