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tion a pu l’échauffer et le rendre lumineux ; il faudra expliquer la condensation de ce gaz à l’état de particules incandescentes dont le spectroscope nous révèle l’existence dans certaines nébuleuses. Si le chaos était formé de telles particules, comment certaines portions ont-elles passé à l’état gazeux, tandis que d’autres conservaient leur état primitif ?

La première partie du problème cosmogonique, quelle est la matière primitive du chaos et comment a-t-elle donné naissance aux étoiles et au Soleil, reste donc, aujourd’hui encore, dans le domaine du roman et de l’imagination pure.

Il n’en est pas de même de la seconde partie du problème cosmogonique, qui a trait à la formation du système planétaire. Ici l’unité d’origine de l’astre central et de ses satellites repose sur des faits incontestables. C’est d’abord l’identité de la matière constitutive du Soleil et des planètes, prouvée d’une part par l’existence de la gravitation entre ces astres, de l’autre démontrée par l’analyse spectrale pour le Soleil et pour la Terre, c’est-à-dire pour une planète intermédiaire, et étendue par suite aux autres planètes avec une très grande probabilité. C’est en second lieu la coïncidence des plans des orbites avec le plan de rotation du Soleil, et l’identité du sens des mouvements de rotation et de révolution de tous les corps du système. « Si l’on remarque, dit Kant dans son ouvrage intitulé : Allgemeine Natur geschichte und Theorie des Himmels (Königsberg et Leipzig, 1755)[1], que les six planètes et leurs neuf satellites, qui circulent autour du Soleil comme centre, se meuvent tous dans un même sens, et dans le sens même de la rotation du Soleil, qui dirige tous ces mouvements par la force de l’attraction ; que leurs orbites ne s’éloignent pas beaucoup d’un plan commun, qui est le plan de l’équateur solaire prolongé ; on est forcé de croire qu’une même cause, quelle qu’elle soit, a exercé une même influence à travers toute l’étendue du système et que l’accord dans la direction et la position des orbites des planètes est une conséquence de la relation qu’elles ont du toutes avoir avec les

  1. La première édition de cet Ouvrage de la jeunesse de Kant parut d’abord en 1755, sans nom d’auteur, en un volume de 200 pages chez Joh. Frd. Petersen à Leipzig. Il était dédié à Frédéric le Grand. Plus tard il a formé le tome VI de l’édition des Œuvres de Kant, par Rosenkranz et Schubert. C’est de cette édition que je tire les citations de Kant.