Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/266

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de ses fibres élastiques ; le dernier, dont la structure plus grossière et l’inertie des éléments de sa constitution ont besoin d’une action plus vive du Soleil, périrait gelé et solidifié dans une région plus froide de l’espace. Aussi, beaucoup plus légers encore et plus fluides doivent être les matériaux dont est formé le corps de l’habitant de Jupiter, afin que la faible excitation que peut produire le Soleil à cette distance suffise à donner à cette machine des mouvements aussi vifs que ceux des habitants des régions inférieures. Nous arrivons ainsi à l’expression de cette loi générale : La matière dont sont formés les habitants des diverses planètes, les animaux aussi bien que les plantes, doit avant tout être d’une nature d’autant plus légère et plus subtile, l’élasticité des fibres et en même temps la conformation de leur corps doivent être d’autant plus parfaites que les astres sont plus éloignés du Soleil.

Cette relation, si naturelle et fondée sur des motifs si plausibles, ne se déduit pas seulement de la considération des causes finales, qui ne doivent être regardées en général dans les théories naturelles que comme des arguments de deuxième ordre. On peut encore l’appuyer sur la variation progressive de la nature spécifique des matériaux dont sont formées les planètes, telle qu’elle résulte à la fois des calculs de Newton et des bases mêmes de la théorie cosmogonique. La matière qui constitue ces astres devient plus légère à mesure qu’ils sont plus éloignés du Soleil ; il faut donc nécessairement que les créatures qui y naissent et s’y développent soient assujetties à une loi analogue.

Une fois établie cette relation entre les propriétés de la matière à laquelle sont essentiellement associées les créatures raisonnables qui vivent sur les planètes, la conclusion s’en laisse facilement deviner : il faut qu’une loi semblable régisse les facultés spirituelles de ces créatures. Puisque ces facultés sont en dépendance nécessaire de la matière qui forme la machine qu’habitent les âmes, nous sommes amenés à conclure qu’il est plus que vraisemblable que l’excellence des créatures intelligentes, la promptitude de leur pensée, la netteté et la vivacité des notions qu’elles reçoivent des impressions extérieures, aussi bien que leur faculté de les associer, enfin aussi la prestesse dans l’exercice de leur activité, en un mot tout l’ensemble de leur être moral doit être