Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/31

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La masse et la densité des planètes dépendent essentiellement de leurs distances au Soleil. En effet, d’une part, la densité de la nébuleuse va en croissant du pourtour vers le centre : les planètes extérieures ont donc été formées d’une matière moins dense que les intérieures ; mais, d’autre part, la sphère dans laquelle chacune d’elles a pu exercer son attraction et s’emparer de la matière pour augmenter sa masse est d’autant plus grande que le noyau primitif était plus loin du Soleil : les planètes éloignées ont donc plus de masse que les planètes voisines du Soleil. Et Kant fait remarquer que les actions réciproques des planètes ont dû intervenir aussi pour modifier l’étendue de la sphère d’attraction. Ainsi Mars, plus éloigné du Soleil que la Terre, devrait avoir une masse plus grande ; mais la présence de Jupiter a singulièrement diminué sa sphère d’action, et il n’a pu acquérir qu’une masse relativement faible. Kant est disposé à admettre une semblable action de Jupiter sur la masse de Saturne. Enfin la petitesse exceptionnelle de Mercure doit être attribuée, non seulement au voisinage du Soleil, mais aussi à celui de Vénus.

Ici se place une très curieuse remarque par laquelle Kant croit pouvoir établir la certitude formelle de son hypothèse. S’il est vrai que le Soleil et les planètes soient formés des mêmes éléments, mélangés dans le Soleil, distribués par ordre de densité dans les diverses planètes, la densité moyenne de celles-ci doit coïncider avec celle du Soleil. Or, adoptant les nombres de Buffon, Kant trouve pour rapport de ces densités celui de 64 à 65 ; avec les données actuelles, la densité moyenne des planètes est 0,20, celle du Soleil 0,25. Vérification fort singulière de l’hypothèse hardie par laquelle, pour la première fois et sans le secours des méthodes plus récentes d’observation, Kant avait osé affirmer l’identité de constitution du Soleil et des planètes !

« La tendance d’une planète à se former aux dépens des particules matérielles qui environnent son noyau est à la fois la cause de sa rotation axiale et celle de la création des satellites qui doivent tourner autour d’elle. Ce que le Soleil est en grand avec les planètes, une planète l’est en plus petit dans sa sphère d’attraction : elle devient le centre d’un système dont les parties sont mises en mouvement par l’attraction du corps central » (p. 122). La différence des vitesses linéaires que possèdent les particules dont la