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Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/32

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réunion engendre la nébuleuse planétaire est donc pour Kant la cause de sa rotation et par suite du mouvement des satellites. Mais, en vertu du mode de rotation qu’il a assigné à la nébuleuse solaire, les particules plus éloignées du Soleil ont des vitesses linéaires moindres que celles des particules plus rapprochées ; d’où semblerait devoir résulter un mouvement de rotation de la planète et un mouvement de révolution de ses satellites, contraires aux mouvements réels. Il y a là dans la conception du grand philosophe une difficulté qu’il cherche à lever en faisant intervenir des particules plus voisines du Soleil, animées par conséquent d’une vitesse plus grande, qui, attirées de loin par la planète, commenceraient par s’élever au-dessus d’elle suivant une orbite très allongée et retomberaient ensuite en communiquant au satellite en voie de formation un excès de vitesse de l’ouest à l’est. Mais j’avoue n’avoir pu saisir, malgré mes efforts, le sens précis de l’explication de Kant ; et M. Zöllner, grand admirateur et ardent défenseur de Kant contre Laplace, ne paraît pas avoir été plus heureux ; car il admet nettement, dans le Chapitre de ses Photometrische Untersuchungen, qu’il consacre à l’exposition du système de Kant, que la rotation des planètes et le mouvement des satellites devraient être rétrogrades, et que l’explication de Kant est « unklar und auch unrichtig[1] ».

Il suivrait encore de la théorie que les grosses planètes et les plus éloignées du Soleil pourraient seules avoir des satellites. La découverte des satellites de Mars est en contradiction avec cette conclusion.

Les comètes, d’après les idées de Kant, appartiennent au système solaire et ont la même origine que les planètes. Elles se distinguent de celles-ci, au point de vue astronomique, par l’excentricité et l’inclinaison de leurs orbites. Or les orbites, selon Kant, doivent se rapprocher d’autant plus de la forme circulaire, qu’elles sont de plus petit rayon, s’en éloigner d’autant plus que l’astre est plus loin du Soleil. C’est pourquoi Saturne, la plus éloignée des planètes connues de son temps, suit une orbite plus excentrique que celles de Jupiter, de la Terre et de Vénus. Si Mars et Mercure font exception à cette règle, cela tient, pour le

  1. Zöllner, Photometrische Untersuchungen, Leipzig, 1865, p. 224.