Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/43

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lécules plus éloignées du centre de l’astre ont été plus grandes…

» Si toutes les molécules d’un anneau de vapeurs continuaient de se condenser sans se désunir, elles formeraient, à la longue, un anneau liquide ou solide. Mais la régularité, que cette formation exige dans toutes les parties de l’anneau et dans leur refroidissement, a dû rendre ce phénomène extrêmement rare. Aussi le système solaire n’en offre-t-il qu’un seul exemple, celui des anneaux de Saturne. Presque toujours, chaque anneau de vapeur a dû se rompre en plusieurs masses qui, mues avec des vitesses très peu différentes, ont continué de circuler à la même distance autour du Soleil. Ces masses ont dû prendre une forme sphéroïdique, avec un mouvement de rotation dirigé dans le sens de leur révolution, puisque leurs molécules inférieures avaient moins de vitesse réelle que les supérieures ; elles ont donc formé autant de planètes à l’état de vapeurs. Mais, si l’une d’elles a été assez puissante, pour réunir successivement, par son attraction, toutes les autres autour de son centre, l’anneau de vapeur aura ainsi été transformé dans une seule masse sphéroïdique de vapeurs, circulante autour du Soleil, avec une rotation dirigée dans le sens de sa révolution. Ce dernier cas a été le plus commun : cependant le système solaire nous offre le premier cas, dans les quatre petites planètes qui se meuvent entre Jupiter et Mars, à moins qu’on ne suppose, avec M. Olbers, qu’elles formaient primitivement une seule planète qu’une forte explosion a divisée en plusieurs parties animées de vitesses différentes. »

L’hypothèse de Laplace ainsi formulée rend compte : 1o de la coïncidence des plans des orbites planétaires avec celui de l’équateur solaire ; 2o de la faible excentricité des orbites, qui a l’origine devaient être circulaires ; 3o du sens des mouvements de révolution et de rotation. Les distances auxquelles se sont formées les planètes satisfont d’ailleurs nécessairement à la troisième loi de Kepler. En effet, à un instant quelconque, la limite équatoriale de l’atmosphère est la distance L où la force centrifuge balance la pesanteur ; en appelant ω la vitesse angulaire du système, M sa masse, on a donc la relation

ω²L = M/.

Par la condensation, ω augmente, L diminue par conséquent.