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de lumière. Le Soleil d’ailleurs, d’après ces nouvelles conceptions, est le dernier-né du système. Nous avons vu Laplace le considérer d’abord comme préexistant aux planètes ; c’était l’atmosphère de ce globe, peut-être solide ou liquide, qui formait les planètes. Puis Laplace, converti aux idées d’Herschel, a fait du Soleil et de son atmosphère une nébuleuse planétaire à condensation centrale. Nul ne peut douter qu’aujourd’hui il regarderait l’état actuel du Soleil comme le dernier degré de condensation de la nébuleuse primitive, dont des portions détachées ont antérieurement produit les planètes dans l’ordre même de leurs distances, en commençant par les plus éloignées. La période géologique de la Terre, masse de peu d’importance et par suite rapidement refroidie, a donc, pu commencer bien avant la formation du Soleil actuel, et lorsque la nébuleuse n’avait peut-être pas encore donné naissance à Vénus ni à Mercure.

Les géologues pourront trouver, dans le diamètre considérable de la masse solaire à ces époques, l’explication de l’égalité de climat dont paraît avoir joui la terre jusqu’au commencement de l’époque actuelle. Mais la durée des périodes géologiques, si l’on admet l’ordre de formation des planètes que suppose Laplace, sera nécessairement moindre que 20 ou 30 millions d’années, et d’autant moindre qu’il aura fallu à la nébuleuse plus de temps pour se contracter depuis ses dimensions primitives, jusqu’à l’orbite même de la Terre.

Aussi, toujours dans le but de reporter plus loin dans les âges antérieurs le commencement des formations géologiques, plusieurs auteurs ont-ils émis l’opinion que la formation des anneaux a été à peu près simultanée, et non pas successive du dehors en dedans. « Il n’est pas nécessaire de supposer, dit M. Kirkwood[1], que, si l’hypothèse nébulaire est vraie, les planètes extérieures doivent avoir une antiquité beaucoup plus grande que les planètes intérieures. La formation des anneaux qui leur ont donné naissance peut avoir été contemporaine. D’où il suivrait que les planètes les plus éloignées sont moins avancées dans leur histoire physique que celles qui sont plus voisines du Soleil. Peut-être même y

  1. On certain harmonies of the solar system (Silliman’s Journal of Science, 2e série, t. XXXVIII, p. 5).