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a-t-il encore au delà de Neptune des anneaux à l’état nébuleux ou tout au moins non encore condensés en une planète unique. »

M. le professeur Trowbridge a montré que la nébuleuse solaire, très aplatie, pouvait en effet s’être partagée, à un certain moment, en une série presque continue d’anneaux[1].

M. S. Newcomb regarde aussi comme nécessaire une profonde modification au mode de formation des anneaux. « Dans son état primitif, lorsque la nébuleuse très rare s’étendait bien au delà des limites actuelles du système solaire, elle devait avoir une forme à très peu près sphérique. À mesure qu’elle s’est contractée, et que l’effet de la force centrifuge a été plus marqué, elle a dû prendre la forme d’un sphéroïde aplati. Lorsque enfin la contraction a été assez avancée pour que la force centrifuge et la force d’attraction se fissent à peu près équilibre à la limite équatoriale extérieure de la masse, le résultat a dû être que la contraction dans la direction de l’équateur a entièrement cessé et s’est confinée dans les régions polaires, d’où chaque particule tombait non vers le centre, mais vers le plan de l’équateur solaire. Ainsi s’est produit un aplatissement continuel de l’atmosphère sphéroïdale, qui a fini par la réduire à un disque plat et mince. Ce disque se serait alors séparé en anneaux, qui auraient formé les planètes suivant le mode décrit par Laplace. Mais il n’y aurait probablement pas grande différence dans l’âge des planètes ; vraisemblablement les minces anneaux intérieurs se seraient plus rapidement condensés en planètes que les anneaux extérieurs beaucoup plus larges. » (M. S. Newcomb, Popular Astronomy, p. 513.)

Si donc une succession presque continue d’anneaux a pu donner naissance à des planètes de grande dimension, séparées comme elles le sont par d’immenses espaces vides, l’hypothèse ainsi modifiée pourra fournir un plus grand nombre d’années pour le refroidissement de la Terre et la formation des couches géologiques, sans toutefois dépasser les 20 ou 30 millions. Mais il ne faut pas perdre de vue que, s’il est possible de calculer assez exactement la vitesse de refroidissement du Soleil gazeux, le même calcul n’est pas possible pour la Terre, en raison de la différence des conditions. Par

  1. Trowbridge, On the nebular hypothesis (Silliman’s Journal, 2e série, t. XXXVIII, p. 356).