Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/54

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suite de l’élat solide de la Terre au moins à la surface, la chaleur qu’elle perd n’a aucune relation connue avec sa température intérieure. Si l’on voulait calculer la durée du refroidissement de la Terre au taux de sa perte actuelle de chaleur, il faudrait compter par milliers de millions d’années. Mais l’état liquide ou solide de la Terre fait entrer en ligne de compte une nouvelle donnée qui modifie considérablement l’allure du phénomène. Ainsi que l’a montré M. Lane en 1870[1], la température d’un corps gazeux s’élève continuellement, tandis qu’il se contracte par suite d’une perte de chaleur. En perdant de la chaleur, il se contracte, mais la chaleur engendrée par la contraction est plus que suffisante pour empêcher la température de s’abaisser. Ce paradoxe apparent est une conséquence immédiate de la loi de l’attraction et de la loi de Mariotte. Mais la contraction d’un solide ou d’un liquide produit un effet exactement contraire. La contraction produite par chaque degré d’abaissement de la température enlève probablement une centaine de degrés de chaleur du globe. Il faut joindre encore à cette cause de perte de la chaleur les énormes éruptions de matières fondues qui se sont fait jour à travers la croûte encore peu épaisse, et qui, par leur refroidissement rapide, ont accéléré celui du globe et l’épaississement de la couche solide. Il est donc possible que le refroidissement de la Terre n’ait pris qu’une minime portion des années de chaleur calculées par M. Thomson ; en tout cas, l’Astronomie ne paraît pas pouvoir aujourd’hui en fournir davantage à la Géologie.

  1. Lane, On the theoretical temperature of the Sun (Silliman’s Journal, juillet 1870).