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Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/56

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dans cette hypothèse, la pesanteur à l’équateur de la nébuleuse, une fois devenue égale à la force centrifuge, lui reste constamment inférieure pendant la contraction ultérieure ; d’où un abandon continu de matière, et non une formation d’anneaux indépendants.

La nébuleuse primitive doit donc être considérée tout autrement ; et Laplace, en effet, a toujours supposé en son centre un globe de densité relativement considérable, sur la surface duquel venait peu à peu se précipiter la matière atmosphérique, de manière à augmenter lentement la rapidité de son mouvement de rotation. Le frottement de ce globe contre l’atmosphère et les frottements intérieurs des couches de celle-ci maintenaient d’ailleurs l’uniformité du mouvement angulaire dans toute l’étendue de la nébuleuse, et par réaction empêchaient aussi le globe du Soleil de tourner aussi vite que l’auraient exigé sa propre contraction et la précipitation de matière à sa surface. La nébuleuse forme ainsi une véritable atmosphère de forme ellipsoïdale, dont l’aplatissement ne peut dépasser une limite déterminée, où le rapport des axes est celui de deux à trois (Laplace, Méc. céleste, Liv. III, Chap. VII).

Si nous adoptons l’idée actuelle de la nébuleuse solaire, nous devons supposer que, dès l’origine, les matériaux les plus denses se sont condensés vers le centre, et y ont produit une sorte de noyau qui a joué le rôle que Laplace attribuait au globe même du Soleil. Par une analyse fondée sur d’ingénieuses suppositions, M. Trowbridge a cherché à calculer la loi de variation de densité à l’intérieur du sphéroïde solaire, pendant la formation des anneaux planétaires. Il a trouvé les valeurs suivantes du rayon principal de gyration de ce sphéroïde aux époques de formation des neuf planètes, les astéroïdes étant comptés comme la cinquième à partir du Soleil :

Milles.
Mercure ....... 468 900
Vénus ....... 749 300
Terre ....... 955 500
Mars ....... 1 311 000
Astéroïdes ....... 2 216 000
Jupiter ....... 3 292 000
Saturne ....... 5 186 000
Uranus ....... 8 759 000
Neptune ....... 12 260 000
Rayon actuel du Soleil 441 000

Ces valeurs montrent que, déjà au moment de la formation de l’anneau de Neptune, le sphéroïde solaire était très condensé vers le centre ; et que probablement plus de la moitié de la masse était en dedans de l’orbite actuelle de la Terre, et la plus grande partie