Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette moitié en dedans de l’orbite de Mercure. La densité des régions équatoriales, immédiatement avant l’abandon de l’anneau de Neptune, ne devait être, d’après M. Trowbridge, qu’un demi-millionième de la densité des couches situées au voisinage de l’orbite actuelle de Mercure [Trowbridge, On the nebular hypothesis, (Silliman’s amer. Journal of Science, 2e série, t. XXXVIII, p. 344 à 360 ; 1864)]. Nous retrouvons donc l’hypothèse de La place, un noyau central de densité relativement considérable, entouré d’une atmosphère extrêmement raréfiée[1].

Mais cela ne suffit pas encore. D’après Laplace, les planètes sont actuellement aux distances mêmes où se sont détachés les anneaux. Il faudrait donc qu’après la formation du premier anneau, celui de Neptune par exemple, la nébuleuse se fût contractée, sans nouvelle perte de matière, jusqu’à l’orbite d’Uranus, c’est-à-dire à un rayon à peu près moitié. Pourquoi un pareil état d’équilibre, persistant pendant de longues périodes, séparées par un brusque renversement du rapport de la gravité à la force centrifuge ?

Il est bien clair qu’une loi quelconque de la variation de densité de la nébuleuse du centre à la circonférence, si elle reste la même pendant la contraction, ne peut donner lieu à de telles alternatives. M. Faye a démontré en effet (Comptes rendus, t. XC, p. 570 ; 1880) que dans de telles conditions une nébuleuse à condensation centrale, où l’on suppose un décroissement des densités aussi rapide que l’on voudra, n’aurait jamais abandonné la moindre parcelle de sa masse en se contractant. M. Kirkwood (Monthly Notices of the R. A. S., t. XXIX, p. 96) considère les choses autrement et fait voir que l’équilibre, une fois troublé, n’a pas dû se rétablir ; et que, par suite, une continuelle succession d’anneaux étroits ont dû se détacher très proche les uns des autres ; telle est

  1. Dans une Note présentée à l’Académie des Sciences, le 2 novembre 1884, M. Maurice Fouché vient également de montrer qu’au moment de la formation des planètes, la condensation centrale de la nébuleuse devait être énorme, et que la masse de l’atmosphère ne pouvait être qu’une très minime fraction de la masse totale. De plus, il ressort de l’application de la troisième loi de Kepler et du principe de la conservation des quantités de mouvement, que la loi des densités a dû constamment varier pendant la formation des anneaux, l’atmosphère tendant de plus en plus vers l’homogénéité et devenant relativement plus dense (Comptes rendus, t. XCIX, p. 903).