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ainsi qu’à l’époque indiquée, le grand axe de la nébuleuse terrestre atteignait précisément la valeur de 60 rayons terrestres actuels.

Mais cette nébuleuse avait la forme d’un ellipsoïde dont les trois axes étaient entre eux comme les nombres 60, 56 et 40, le plus grand étant constamment dirigé vers le Soleil. Dans ces conditions, il n’est pas d’anneau extérieur possible.

M. Roche suppose donc que la formation de la Lune est due à la matière qui, abandonnée à l’extrémité du grand axe avec une vitesse insuffisante, est rentrée déjà refroidie dans l’intérieur de la nébuleuse et y est devenue le noyau d’une condensation progressive. Cet amas participe, dès le début, à la circulation du fluide atmosphérique dans lequel il nageait, pour ainsi dire ; il a dû en même temps prendre et conserver un mouvement de rotation égal à son mouvement de translation, autour d’un axe parallèle à l’axe de rotation de la Terre. Sa densité augmente peu à peu, en même temps que celle du fluide environnant diminue ; et lorsque, dans le mouvement de retrait du système, la limite L est atteinte, le noyau se détache et continue son mouvement en toute liberté.

M. Roche fait remarquer que ces déductions de sa théorie sont d’accord avec les conclusions d’un savant Mémoire publié en 1869 par M. Ch. Simon [Mémoire sur la rotation de La Lune (Annales de l’École Normale, 1re série, t. VI)]. De l’étude du mouvement actuel de rotation de la Lune, cet auteur a déduit que l’abandon de ce satellite a dû se produire au moment de l’une des syzygies et au voisinage de l’un des solstices. C’est aussi ce qui a dû se passer dans l’hypothèse de M. Roche. Cette même hypothèse rend également compte de la grande excentricité de l’orbite lunaire (p. 57 à 59 de l’Essai sur l’origine du système solaire).

La formation des anneaux intérieurs par la rencontre des traînées elliptiques, si heureusement ajoutés aux anneaux extérieurs de Laplace, lève immédiatement la difficulté relative au premier satellite de Mars, qui tourne plus vite que la planète et à une distance à laquelle un anneau de Laplace n’aurait pu se former. Un anneau intérieur ne peut d’ailleurs se former et subsister que dans un atmosphère très raréfiée. Phobos est donc d’origine relativement récente, et sa naissance ne remonte qu’à une époque où le noyau de Mars était déjà fortement condensé.

Des circonstances toutes semblables ont pu présider à la forma-