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tion des anneaux de Saturne ; M. Roche a fait remarquer, en 1855 [Note sur la loi de Bode (Procès-verbaux de l’Académie de Montpellier)], que ces anneaux se trouvent en partie au dehors et en partie en dedans de la limite équatoriale actuelle de l’atmosphère théorique de Saturne. Cette limite est à deux rayons de la planète, ce qui correspond à peu près au milieu de l’anneau principal ou à la séparation de Cassini. Il faut donc admettre ou que ces anneaux, s’étant formés à l’extérieur de la limite 2r, ont diminué de rayon jusqu’à pénétrer en dedans, ou qu’ils se sont réellement formés, partie à l’extérieur, partie à l’intérieur de cette limite, dans la région qu’ils occupent encore.

Le rétrécissement d’un anneau n’est pas chose impossible et, d’après M. Hirn, est même une conséquence nécessaire de la nature fluide d’un anneau (Mémoire sur les anneaux de Saturne, 1872). L’autre explication est également acceptable, la production d’anneaux intérieurs étant, comme l’a montré M. Hoche, une conséquence directe de la théorie cosmogonique de Laplace. L’objection est donc complètement levée.

Mais une autre difficulté se présente. Pourquoi la nébulosité de l’anneau ne s’est-elle pas agglomérée en un sphéroïde pareil à tous les satellites ? Quelle est la constitution de l’anneau persistant ? Comment peut-il durer à une si petite distance de la planète, et combien de temps durera-t-il ? La solution complète de tous ces points a été donnée par les travaux de M. Roche [Mémoire sur la figure d’une masse fluide soumise à l’attraction d’un point éloigné (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 18 juin 1849)], de M. Vaughan (Phil. Mag., décembre 1860) et de M. Hirn dans son Mémoire sur les anneaux de Saturne. Les anneaux n’ont pu s’agglomérer en un satellite, parce que, au-dessous de la limite 2r,44 de la planète, l’action de celle-ci produirait sur un satellite nébuleux, de même densité que la planète, des marées incompatibles avec une forme permanente d’équilibre. Mais M. Hirn a fait voir que des anneaux fluides, gazeux ou liquides, n’auraient pu subsister et se seraient rapidement rétrécis jusqu’à tomber sur la planète. Un anneau solide est impossible, parce qu’il lui faudrait attribuer une cohésion incomparablement plus forte que celle d’aucun des corps que nous connaissons. M. Clerk Maxwell (Monthly Notices, 1859) et M. Hirn ont donc été