Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/78

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t. VI, p. 73 ; 1869), a été conduit à examiner la question qui nous occupe maintenant. Partant des formules données par Liouville (Conn. des Temps, 1809) pour déterminer le mouvement de précession d’un ellipsoïde animé d’un mouvement de rotation autour d’un axe incliné sur le plan de l’orbite, il montre que le globe fluide de la Terre, malgré sa contraction progressive et l’accroissement de vitesse qui en résultait et produisait un aplatissement de plus en plus considérable, aurait conservé constante l’inclinaison moyenne de son équateur sur l’écliptique ; mais une autre cause est intervenue pour changer cette obliquité. Si, après la formation de la Lune, il s’est formé autour de la Terre une série d’anneaux de Laplace, comme on n’en retrouve plus trace autour de la Terre, il faut supposer que ces anneaux, en se refroidissant, se sont contractés à la manière d’anneaux solides et ont fini par se réunir à la Terre. Or, sous l’action du Soleil ou du noyau central de la nébuleuse, l’inclinaison de ces anneaux sur l’écliptique augmente avec le temps. La réunion de pareils anneaux à la Terre, en changeant la forme du renflement équatorial, a donc dû accroître l’inclinaison de l’équateur terrestre sur l’écliptique.

On comprendrait donc comment les planètes les plus voisines du Soleil, Mercure et Vénus, qui n’ont pas de satellites, peuvent tourner autour d’un axe fortement incliné sur le plan de l’orbite ; comment aussi la Terre peut avoir son équateur incliné de 23° 30′, tandis que l’orbite lunaire n’est inclinée que de quelques degrés. Pour Mars, la formation des satellites est postérieure à la réunion des anneaux producteurs de l’obliquité, puisque les orbites de ces satellites coïncident avec l’équateur de la planète. Il n’y a pas là de difficultés, parce que ces satellites sont très voisins de la planète et se sont formés très tard. Mais, si nous arrivons à Saturne, à Uranus, pour lesquels la même coïncidence existe en même temps qu’une forte obliquité de l’équateur, on est en droit de se demander comment ces anneaux ont pu se former et subsister jusqu’à la réunion avec la planète, et comment, à si grande distance du Soleil, l’action perturbatrice de celui-ci a pu produire des obliquités considérables.

M. G.-H. Darwin, dans une série d’importants Mémoires présentés à la Société Royale et sur lesquels nous aurons à revenir, traite le sujet actuel de l’obliquité des axes des planètes à un point