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parties. Au sein de ces vastes courants, de ces fleuves immenses du chaos, de simples différences de vitesse entre les filets contigus ont dû faire naître çà et là des mouvements tourbillonnaires, tout comme dans les courants de notre atmosphère ou de nos fleuves[1] ». De ces mouvements tourbillonnaires sont nées les étoiles doubles, qui ne décrivent pas des cercles parfaits, mais des orbites très allongées, des ellipses à grande excentricité. « C’est que le tourbillonnement de leurs nébuleuses n’a jamais pu se régulariser au point d’aboutir aux mouvements presque exactement circulaires, que l’on ne peut assez admirer dans notre petit monde solaire. Celui-ci n’appartient pas, comme les formations précédentes, à un type fréquemment réalisé dans l’Univers : c’est au contraire un cas très particulier (p. 182). » M. Faye paraît donc admettre qu’en général les étoiles n’ont pas de système planétaire ; c’est un des traits originaux de son système cosmogonique[2].

Comment le mouvement tourbillonnaire de la nébuleuse solaire s’est-il régularisé, de manière à produire les anneaux circulaires qui ont donné naissance aux planètes ? « Il faut et il suffit pour cela que la nébuleuse solaire ait été primitivement homogène et sphérique. Dans un pareil amas de matière la pesanteur interne, résultant des forces attractives de toutes les molécules, varie en raison directe de la distance au centre. Les particules ou les petits corps qui se meuvent dans un tel milieu, dont la rareté est inimaginable, décrivent nécessairement des ellipses ou des cercles autour du centre, dans le même temps, quelle que soit leur distance à ce centre. Dès lors, l’existence d’anneaux tournant tout d’une pièce, d’un même mouvement de rotation, est parfaitement compatible avec ce genre de pesanteur, et si un mouvement tourbillonnaire a préexisté, quelques-unes de ces spires, assez peu dif-

  1. Cette segmentation de la nébuleuse primitive en nébuleuses destinées à produire les divers systèmes stellaires, et la génération du mouvement de rotation par la différence des vitesses de translation sont aussi la base du système cosmogonique de M. Ennis [Jacob Ennis, Physical and Mathematical Principles of the nebular Theory (Phil. Magazine, 5e série, t. III, p. 262, 1877].
  2. Je ne dois pas oublier de recommander ici la lecture du Chapitre XV de l’ouvrage de M. Faye, sur la pluralité des Mondes, où l’auteur fait très spirituellement justice, au nom des principes de la science vraie, des fantaisies qu’une fausse philosophie présente trop souvent sur ce sujet à la crédulité du public.