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celles qui naissent des anneaux de Laplace. Et leur mouvement de rotation est aussi direct, sans qu’il y ait place ici à l’ambiguïté que M. Faye a reprochée au système de son illustre devancier.

Seulement les rotations seraient toutes directes, si les choses restaient dans cet état ; or nous savons que la révolution du satellite de Neptune est rétrograde, donc aussi probablement la rotation de la planète, et M. Faye considère aussi comme rétrograde le mouvement de rotation d’Uranus[1]. C’est même la considération de ces mouvements qui a conduit M. Faye à rejeter l’hypothèse de Laplace et à y substituer celle qui nous occupe.

Voici comment, dans ses Notes de 1880, M. Faye rendait compte des mouvements de rotation rétrogrades de Neptune et d’Uranus : « Dès le commencement, je veux dire dès que la nébuleuse s’est trouvée pleinement isolée, il s’est produit un phénomène qui a modifié ces premières conditions. De toutes les régions qui ne participent pas à ces circulations régulières, les matériaux de la nébuleuse tombent vers le centre, en décrivant des ellipses très allongées et non des cercles ; elles y opèrent une condensation progressive, en sorte que, abstraction faite d’une foule de mouvements partiels, la densité de la nébuleuse cesse d’être uniforme, et finit par aller en croissant régulièrement de la surface au centre. » (Comptes rendus, p. 640.)

La loi de la pesanteur interne varie évidemment en même temps que celle de la densité. M. Faye a calculé la force centrifuge à la surface et la variation de la pesanteur interne, en supposant que la densité D′ à la distance r du centre, moindre que le rayon équatorial R de la nébuleuse, est liée à la densité centrale D par la relation

D′ = D (1 − (1 − α) (r/R)1/n),

n est un nombre positif arbitraire et α une fraction très petite. On peut ainsi représenter une densité finale très faible et un

  1. Les récentes observations de MM. Henry à l’Observatoire de Paris tendent à démontrer que l’équateur de cette planète fait un angle de 40° environ avec le plan des orbites des satellites ; cet équateur ne serait donc incliné que de 58° sur le plan de l’orbite de la planète, et le mouvement de rotation d’Uranus serait direct.