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duire une série continue de condensations circulaires dans le plan de l’équateur primitif. Aucune cause n’apparaît qui ait pu produire les hiatus nécessaires à la formation de planètes séparées. Une multitude de corpuscules planétaires circulant à toutes distances du Soleil, tel semble devoir être le résultat final de la condensation des anneaux intérieurs.


2o Formation des planètes. — La difficulté de concevoir la réunion en une masse considérable de la presque totalité de la matière disséminée primitivement sur le pourtour d’un anneau est ici la même que dans la théorie de Laplace. M. Faye dit quelque part que la différence des vitesses linéaires des diverses tranches d’un anneau a dû donner naissance à des tourbillons élémentaires qui, forcés de suivre à peu près la même route avec des vitesses un peu différentes, se rejoindront et se confondront en une masse nébuleuse unique où s’absorbera peu à peu toute la matière de l’anneau (p. 185). Mais je ferai remarquer que, au moins pour les planètes formées sous l’empire de la première loi de pesanteur interne, les vitesses linéaires sont proportionnelles à la distance au centre et que la masse entière, y compris les anneaux, tourne tout d’une pièce ; il n’y a donc aucune cause de formation de tourbillons élémentaires, avant la rupture de l’anneau.


3o Rotation des planètes. — L’hypothèse nouvelle offre l’avantage de ne pas laisser subsister d’ambiguïté sur le sens possible de la rotation des planètes : toutes sont directes jusqu’à Saturne ; Uranus et Neptune, formés sous l’empire de la seconde loi de pesanteur, ont des rotations rétrogrades. Mais j’ai fait remarquer que, dans l’hypothèse de Laplace, la rotation d’une planète, la supposât-on primitivement rétrograde, devient nécessairement directe par suite de la marée énergique que la condensation solaire engendre dans la nébuleuse planétaire. Les planètes les plus voisines du Soleil ont donc forcément cette rotation ; les plus éloignées seules auraient pu échapper à cette loi, de sorte que, dans l’hypothèse même de Laplace, il est permis de concevoir Neptune tournant sur lui-même en sens contraire du sens général des autres mouvements. Or cette planète seule paraît avoir une rotation rétrograde. Uranus tient le plan de son équateur ou perpendiculaire ou incliné à sur le