Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/92

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plan de son orbite : inclinaison dont aucune hyppthèse ne peut rendre compte aujourd’hui[1].

Mais, à un autre point de vue, le mode de formation des planètes adopté par M. Faye, qui les divise en deux groupes, l’un à rotation directe, l’autre à rotation rétrograde, me semble être en contradiction avec la classification naturelle de ces astres. La considération des volumes, des masses et des densités, comme celle des durées de rotation, les partage nettement en deux groupes de quatre planètes chacun, séparés par l’anneau des astéroïdes. Comme l’a montré M. Roche, la nébuleuse de Laplace, après avoir conservé une constitution à peu près uniforme dans sa zone extérieure la plus étendue, a dû subir, au moment de la formation des planètes télescopiques ou immédiatement après, un changement brusque en vertu duquel elle a formé ensuite des planètes plus petites, plus denses et tournant plus lentement sur elles-mêmes que les quatre premières. Tous les auteurs qui se sont occupés du système planétaire ont été frappés de ce caractère et ont cherché à plier leurs hypothèses à une explication plausible d’un fait aussi évident. M. Faye paraît n’en pas tenir compte pour ne s’attacher qu’à un caractère unique et même douteux, le sens de la rotation. D’après lui, Saturne et Jupiter ont été formés en même temps et sous l’empire des mêmes lois que les quatre planètes voisines du Soleil. Pourquoi ne leur ressemblent-ils en aucun point ? Uranus et Neptune n’ont apparu que beaucoup plus tard. Pourquoi ressemblent-

  1. Dans l’exposition la plus récente de son hypothèse, M. Faye assigne à Uranus une place intermédiaire entre les planètes à rotation directe et Neptune dont la rotation serait franchement rétrograde. « Uranus a dû se former avant Neptune, à une époque de transition où le dernier régime de circulation tendait à remplacer le premier. Il se pourrait donc qu’une rotation, d’abord directe, ait dû devenir ensuite rétrograde pendant la formation de la planète aux dépens de l’anneau. Alors la deuxième tendance, s’exerçant dans des plans un peu différents, par des additions continuelles non symétriques de matériaux, ait forcé l’équateur de la planète naissante à s’incliner peu à peu sur le plan de l’anneau, de manière à lui devenir perpendiculaire et finalement à dépasser cette position vers le sens rétrograde. C’est effectivement le cas des satellites d’Uranus. La planète, à ce compte, pourrait, et même devrait avoir une rotation rétrograde très lente » (p. 203). Cette dernière assertion semble en contradiction avec les résultats de certaines observations récentes de taches, qui assigneraient à Uranus une durée de rotation de 10 à 12 heures.